• CHaPiTRe ( X )


    RéSiSTaNCe, RéSiLieNCe… 26 août 2015

    …Ce n’est pas de la haine, mais les prémices de l’indifférence. Je n’avais jamais été larguée!
    J’ai été vexée, et la perte de contrôle est un sentiment très désagréable.
    En même temps je suis persuadée qu’être déposée sur le bord du chemin est la meilleure chose qui me soit arrivée. Catharsis.
    Gärtner justifiait ses propos libidineux par ce mot. Je devais en passer par là pour que je réagisse enfin, que je m’ouvre totalement à la vie, que je me libère de mes traumatismes affectifs. Son traitement n’était ni plus ni moins que de la pornographie brute et je n’ai pas souvenir m’être senti mieux. Durant un temps j’ai fait illusion à ses jeux, mais avec le recul je reconnais avoir été dépassée par sa grivoiserie. Il y a quelques zones d’ombre le concernant que j’avais négligées. Dont je faisais abstraction plus exactement et c’est seulement maintenant que je me rends compte de l’immoral du virtuel. De l’immoralité de nos échanges.
    Il m’a fallu beaucoup de temps pour réagir et être mal à l’aise lorsque Gärtner m’a avoué surveiller mes connections et celles de Patricia. Il me disait douter de ma sincérité et pensait que je ‘‘dragouillais’’ avec la création d’un faux profil, celui de ma chère Pat en l’occurrence. Il m’a même accusé d’être elle. Un rien pervers mon ami Gärtner. Christian m’avait déjà bien abimé avec son contrôle total, et cela devenait du pareil au même avec cet homme que je ne connaissais pas vraiment, que je ne connaissais pas du tout à vrai dire. Pas un instant je n’ai douté de cet acolyte virtuel qui me comprenait si bien. J’étais incapable de me révolter. Devenue inculte à force de mauvais traitements, je me gavais de son savoir comme un porc des glands qui tombent du chêne. Comment un tel homme en était venu à s’intéresser à moi? J’admets, je ne suis pas laide et il me reste un semblant de culture générale alors l’alchimie de nos hormones en ébullition à fait le reste. Ma raison s’est perdue dans des élucubrations répugnantes. J’étais au plus mal, mais ce n’est pas une excuse. Ça n’était pas de l’amour mais de l’abject et je me vautrais dans cette fange avec délectation.
    J’acceptais argent comptant les salves d’obscénités qu’il me faisait parvenir en messagerie. Je me suis fait horreur en relisant une dernière fois, avant de les effacer, nos conversations privées. Apparemment adepte du Kâmasûtra, il ne se passait pas un jour sans qu’il ne m’invite à des jeux sexuels et grâce à lui -à cause de lui- j’en connais bien plus que la bienséance ne l’exige.
    Ce genre d’extravagance à haute dose me donnait parfois des haut-le-cœur et très vite, pour le flatter, je me suis mise à faire semblant d’apprécier son langage ordurier. Il était très doué et je reconnais que j’ai dû exulter une fois ou deux en lisant ses contes cochons. Des instants que je croyais privilégiés, en fait je ne faisais que l’encourager dans ses délires. Je ne voyais pas les choses ainsi, mais Bébé m’a suggéré un jour où j’étais en veine de confidences, que je subissais une forme de harcèlement. Et c’est aussi ce jour-là qu’Ash m’a recommandé de cesser immédiatement toute correspondance avec un tel personnage. Alors lorsque Gärtner a commencé à m’adresser, via la messagerie immonde de perversions où nous étions inscrits, des clichés de son anatomie dégoulinante, bandée XXL, j’ai ouvert les yeux. Je me suis sentie sali et agressée. Il me faisait parvenir des mises en scène explicites, du genre t-shirt noir parsemé de taches compromettantes ou carré éponge dissimulant une érection à l’image de ce que je lui inspirais disait-il.
    Ai-je réellement recherché ces messages licencieux? J’avais tout simplement à faire à un amoureux de son pénis. Il lui avait même donné un prénom, Léon. Léon le long. En supprimant les nombreux clichés de son membre viril qu’il m’adressait régulièrement et pire, que je conservais dans un dossier verrouillé, j’en ai pleuré de rage. Étais-je donc si perturbée pour que de telles images pornographiques me donnent l’impression d’être soulagée de mes tourments en les regardant? Ash avait raison, j’étais consentante à recevoir ses ordures, mais je n’avais pas conscience de la déchéance dans laquelle je me trouvais. Une pauvre chose désorientée, emplie d’amertume et de désespérance. Il m’a fallu des mois pour reconstituer le puzzle de moi-même que j’étais devenue.
    Bébé, en colère et très remonté contre le #@*%#]*%#℺*%# qui m’avait autant démoli, m’a récupéré en miettes. #@*%#]*%#℺*%# ? Le salaud. Ce n’est pas courtois, mais cela a le mérite d’être explicite.
    Bonne Mère merci, Ash n’a jamais lu le plus compromettant.
    Il m’a donné du temps pour me remettre. Il m’a accompagné dans mes peines, il m’a cajolé avec patience, il m’a choyé avec tendresse sans en réclamer une réponse charnelle. J’ai finalement atteint le lâcher prise, et j’ai compris qu’avec le Maharajah c’était pour le meilleur et que je devais raccrocher le wagon sans plus attendre. Terminé mes émois de jeune pucelle effrayée, rompu le barrage qui faisait obstacle aux étreintes passionnées auxquelles j’aspirais. Depuis des années j’avais celui qu’il me fallait près de moi sans en avoir conscience. Cependant le rien d’intuition qu’il m’était resté avait fait que je n’avais jamais été inquiétée par la présence Kirsten. Quand Ash m’a dit sur le ton de la conversation qu’elle n’était pas moi, je n’ai pas réagi. Puis, j’ai enfin compris. Je suis son soleil tout comme lui est mon phare.
    Comment celui qui me fait oublier mes chagrins rien qu’en me serrant dans ses bras, celui qui, tendrement me soulève et m’emporte dans le nid douillet de sa couette, a-t-il su que c’était le bon moment?
    Baiser animal, caresses sensuelles. Chouquette et Bébé, bis repetita placent…

    SiGMuND eT Moi… 20 Septembre 2015

    …D’aucuns penseront que je ressasse, que je rabâche. Je refuse simplement de contredire ma thérapeute!
    Nadège, ladite thérapeute, m’assure que je suis en possession de la topographie du parcours et qu’il me faut poursuivre mon chemin de liberté avec confiance. Plus facile à dire qu’à faire m’dame.
    Lorsque survenaient mes cauchemars j’avais toujours la solution de me rendre au squat. Maintenant c’est Ashlimd qui me soulage avec les contes et légendes de son pays qu’il me traduit d’une voix apaisante. Je redeviens petite fille que l’on rassure sur son avenir. Je me rétablis lentement, débarrassée peu à peu du trop-plein des souffrances que j’ai endurées. Je me suis trop longtemps refusée à vivre en sachant que mon bourreau allait sortir de prison. Il est libre et le souvenir des ecchymoses, des meurtrissures de l’âme, des gifles, des coups, des sévices, des corrections et du harcèlement moral que je subissais quotidiennement m’ont maintenu dans un monde de souffrance. Celui que je surnommais affectueusement Criquet profite allègrement de sa liberté alors qu’à cause de lui, pour me protéger, j’ai été déracinée et cela m’est encore douloureux. Quitter ma terre de Provence m’a obligé à abandonner une partie de ma force vitale.
    Le monstre n’avait peur de rien, il était allé jusqu’à me promettre vengeance devant une cour de justice. Je m’obligeais à m’allonger à la même heure chaque soir, mais je passais mes nuits, éveillée, la peur au ventre. Puis épuisée, au petit matin je m’endormais dès que pointait la lumière du jour. J’étais toujours vivante.
    Maintenant il m’arrive de pouvoir laisser le passé derrière moi. Rarement je dois dire. Charybde et Scylla sont mes compagnons de route. Ash se tient à mes côtés et sa force me donne le courage de repousser mes démons. Il guide, encourage, protège le petit bout de femme que je suis et que le destin a mis sur son chemin. Il tente désespérément de me rendre l’estime de moi-même que j’ai perdue en chemin. J’ai cru un temps que Gärtner m’aidait à passer le cap, mais il n’en était rien. Il ne faisait que me maintenir dans mes délires. Ash lui, ne m’a jamais rien imposé et ses colères étaient légitimes. Ce n’était pas me rendre service que de me donner raison pour tout et n’importe quoi et je l’ai compris trop tard.
    Ma léthargie les lendemains de crise le font autant souffrir que moi. Lors de mes accès de colère lorsque j’éclatais les verres contre les murs, il ne haussait jamais le ton. Bonne technique car je ne me maitrisais plus. À présent, il affirme encore et toujours que je dois faire mes propres choix, faire mes expériences plus ou moins heureuses pour me reconstruire de l’intérieur. Cela n’a pas été une réussite jusqu’à maintenant. La bonne nouvelle est que je ne sors plus la nuit pour me rendre au squat. Mes loulous se sont éparpillés car cela devenait trop dangereux pour eux. Le voisinage et la bleusaille se faisaient trop curieux et surtout il était temps pour mes gueux de rebondir.
    Nous avons grandi ensemble et enfin adultes nous devons faire nos preuves.
    Comme on l’aura compris, Ash et moi c’est à nouveau sur les rails.
    Ashlimd est resté le même amant doux et attentionné que par le passé. Celui qui m’a enseigné que faire l'amour doit être une façon d’offrir et non de prendre. Cela a été une révélation pour moi, moi qui durant des années ai subi pour ne pas perdre la vie. Ash a retenu la leçon, ses absences sont programmées et lorsqu’il est de retour il ne s’enferme plus autant -moins- dans son bureau pour travailler.
    Je ne participe pas à ses soirées PPCW entre collègues, ce soir-là je m’isole dans la chambre avec un bon livre. Je comprends tout à fait qu’après les horreurs auxquelles ils sont confrontés chaque jour ils aient besoin de lâcher prise. PPCW? Pizza, poker, cigares et Whisky. Souvent Gärtner a trouvé limite cette façon de se détendre lorsque je lui en parlais, mais j’estime qu’une fois de temps en temps c’est normal.
    Il y a peu j’ai pris conscience que l’horreur ne m’avait pas été uniquement réservée. Par inadvertance je suis tombée sur l’un des dossiers que traite Ash avec son formateur et je dois dire que cela m’a sérieusement ébranlée. Le malheur de cette jeune femme m’a donné des sueurs froides. Mariée à un pervers narcissique qui ne voulait pas d’enfants, ils utilisaient des préservatifs et il arriva qu’un jour l’un d‘eux craqua. En pleine crise de folie, l’homme a lavé le sexe de son épouse à la javel et pour être certain qu’aucun spermatozoïdes n’avaient survécu, il en inocula à l’intérieur du vagin de sa compagne à l’aide d’une poire à lavement. Depuis son arrestation l’homme, par avocat interposé, tente de faire passer sa pauvre femme pour une malade mentale. C’est à vomir. Je sais que ce genre d’individu s’en sort d’une pirouette parfois. L’on inculque à Ashlimd les bases de sa profession, à savoir défendre l’indéfendable. Voilà en quoi consistera son métier? Franchement, parfois il m’arrive de lui en vouloir. Il a encore du temps devant lui, mais je souhaite ardemment que son choix de carrière évolue. Il me semble que cela en prend le chemin.
    Patricia et Ash m’ont réappris les gestes du quotidien et à ne plus trembler au moindre bruit. J’ai été tabassée pour une serviette de toilette oubliée sur le rebord d’une baignoire, alors cela m’a laissé des séquelles. Tous deux ont été les premiers à me laisser vraiment exprimer ma rage. Je reconnais qu’il m’arrive encore de grimper dans les tours pour une broutille. Je m’emballe comme un moteur mal réglé et gare à ceux qui se trouvent sur mon chemin.
    Ash a toujours été parfait. Oui évidemment il possède ses imperfections et ses faiblesses comme tout un chacun et il est parfois maladroit, mais sa gentillesse et sa compassion compensent ses petits défauts. J’ai longtemps abusé de cette bonté naturelle qui le caractérise. Le nombre de fois où mes Charlies ont vidé le chauffe-eau de l’appartement et transformé la salle de bains en hammam ne peut se compter sur les doigts d’une main. Après leur départ la cuisine ressemblait à un champ de bataille et Maddy la furibonde m’invectivait copieusement. C’était elle qui récurait et remettait tout en place. Lorsqu’il rentrait, Ash faisait l’impasse sur la disparition de quelques-uns de ses cigares de qualité même si je le voyais un brin exaspéré. Flegmatique, il ne prêtait jamais l’oreille aux récriminations de Maddy. Il laissait passer l’orage. Maddy est la personne qu’Ashlimd charge de l’entretien de son appartement. Elle prenait et prend toujours soin de moi en l’absence de Bébé, mais cette brave femme étant peu diplomate, l’ambiance est parfois électrique entre nous deux. À présent je parviens à me dominer et même à m’excuser lorsque nous faisons séjour à l’appartement. Rarement je dois dire. Ash squatte le duplex de son référant et moi je me ressource régulièrement dans la maison de mémé.
    Je vais dérailler une dernière fois, mais je ne promets pas que ce soit le grand final.
    Le jour où j’ai quitté Ash pour une utopie que je savais ne jamais pouvoir atteindre, je me suis sentie mutilée. J’ai perdu mon yin en tentant d’atteindre mon yang et je n’y étais pas prête, l’on m’avait forcé la main. D’un côté j’étais en concurrence avec le code pénal, les décrets en conseil d’état et les dossiers prenants, je n’avais aucune chance. Du moins le croyais-je. De l’autre, l’on avait réussi à me convaincre que ce serait plus honnête d’exprimer mes sentiments. Conneries avec un grand C, cela m’a plongé dans le néant et la destruction. Depuis que Bébé est à nouveau à mes côtés il me semble que je vais au plus simple. Je me pose moins de questions existentielles, je me prends un peu moins la tête. La vodka s’éloigne.
    Me sera-t-il possible de reconstruire sur les ruines d’un passé tourmenté? Je progresse…

    VoCaBuLaiRe aRiSToCRaTiQue… 6 Octobre 2015

    …Je me suis enfin retrouvée. Il ne nous manque plus qu’une étincelle pour que le brasier se rallume!
    Tout ne sera pas de très bon goût dans ce chapitre, j’en ai bien peur. Après m’être comportée comme une véritable débauchée, je me suis promis de redresser la barre dans mes écrits et cela n’est pas une mince entreprise. La correction des expressions que j’utilise, un langage châtié et un rien de digne dans le licencieux, voilà ce que Sam me fait découvrir. Dorénavant, grâce à lui, je donne dans le respectable. Moi qui n’aime pas le dark romance, sur les conseils dudit Sam, afin de me faire une idée, j’ai dû enquiller deux romans très … visqueux. Par ce mot j’essaie de me rendre ma lecture plus acceptable. L’un des deux était carrément obscène. En fait ce ne sont pas les termes employés qui me dérangent, mais la façon dont sont considérées les femmes dans ce genre d’ouvrages. Je me refuse à ce que mon nom soit un jour associé à l’indécence gratuite. Je souhaite de tout cœur que Gärtner ait éradiqué notre correspondance de ses annales comme moi je l’ai fait il y a peu. La touche delete est un des bonheurs de la future nouvelliste que je désire devenir. Je vise au plus bas, en réalité je ne me fais pas d’illusions quant à mes capacités d’écriture. Alors, disons que je dois m’intéresser, que je dois m’exercer à la phraséologie érotique car plusieurs cours y seront consacrés dans le programme auquel je me suis inscrite. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’utiliser nos jeux sexuels à Ash et à moi, mais pour la limpidité du texte qui va suivre je devais être guidée par ce que je connais. Exit le Kâmasûtra de Gärtner, bienvenue aux gourmandises sensuelles de mon amoureux.
    « Bébé, je t’ai laissé te morfondre durant de longs mois avant de te permettre de m’approcher. Ta mansuétude est sans pareille et c’est pour te remercier de ton infinie patience que je me suis abandonnée à ta tendresse. Tu mérites ce câlin. Installé à ton bureau tu es tellement concentré sur l’un de tes dossiers que tu ne me remarques pas. Je m’approche silencieusement derrière toi et, écartant tes longs cheveux de ta nuque j’embrasse celle-ci du bout des lèvres. Embrasser est un bien grand mot pour qualifier cette volée de baisers papillons que je t’administre. Ça y est j’ai toute ton attention. Break accepté.
    Ton baiser langoureux me fait fondre, je me retrouve illico à califourchon sur tes genoux, tes doigts courent sous mon pull et tes lèvres flattent délicatement mes paupières. Puis, le temps d’un baiser fougueux et tes mains rampent déjà sous ma jupe. Le fin tissu de mon sous-vêtement modère ton ardeur à la tâche. Mes sens s’éveillent et je me rappelle soudain combien j’aimais me presser contre ta peau nue. Tout en dégrafant ta chemise, ma langue danse avec la tienne. Sous la pulpe de mes doigts, ta peau de velours me procure de longs frissons, une décharge électrique nous enflamme l’un et l’autre. Un court intermède nous est nécessaire, le temps pour moi d’ôter ma petite culotte, tu sais que dans ces moments-là je déteste me faire embrocher, la dentelle de côté. Cela dit, cette coutume est très appréciée aussi lors de ce que toi et moi nommons sans pudibonderie le petit coup vite fait.
    Je m’égare, je reprends le fil de ma narration. Ta virilité turgescente piaffe d’impatience dans ton jean devenu trop étroit. Elle surgit tel un diable de sa boîte lorsque tu la libère. Je ne peux me retenir d’étreindre ton membre soyeux entre mes paumes. De baisers polissons en caresses osées nous devenons brasiers.
    Je me cambre en piaillant joliment quand tes doigts effleurent une nouvelle fois mon intimité. C’est si lointain, que j’ai du mal à me souvenir de quand date la dernière fois où ta vigueur a investi ma chair sensuelle. Nul besoin de sexe débridé entre nous, te sentir te perdre lentement en moi suffit à notre passion, je suis une cavalière comblée. La rude douceur de ton éperon glisse entre mes doigts avant de disparaître au cœur du sanctuaire. Le lent mouvement de tes reins, l’amplitude nous est interdite dans cette position, me procure douleur et plaisir. Ton organe devient cruel, il effleure, il sombre, il se retire et il répète ce ballet à l’infini. Mes larmes jaillissent, instinctivement mes hanches s'animent, mon corps entier s’adapte au rythme implacable de tes secousses. Tes yeux sont mi-clos, tes lèvres barrées d’un sourire énigmatique et tes mains se sont faites serres autour de ma taille. La brutalité de l’impulsion finale me laisse pantelante et j’accompagne ton cri rauque d’une hurlée mélodieuse. Tu es profondément ancré en moi et nos corps tremblent violemment, secoués par la vague qui nous emporte. Puis, enlacés, soudés l'un à l'autre, nous tentons de reprendre notre respiration. Tu remarques enfin les sillons qu'ont fait mes larmes et tu les sèche tendrement de ton pouce. Tu sais que ce sont des perles de bonheur et tu as raison. Je suis de retour dans mon cocon, entre tes bras. »
    Je remercie ceux qui se sont risqués à poursuivre leur lecture. Je me suis lancée avec courage dans l’exercice et apparemment j’ai réussi le test. Du moins est-ce l’appréciation de mon cher Samuel. Me voilà prête à rejoindre les bancs de l’école.
    Comme je l’écrivais précédemment, Ash et moi s’est reparti et je crois avoir compris la leçon.
    - Tu es la seule ma Chouquette, le creux de mes bras n’a été façonné que pour toi!
    Chuchotée à mon oreille cette phrase m'a noyé dans un bassin d’allégresse.
    - Toi Bébé tu es mon instant présent! Mon embellie…

    MeRRy CHRiSTMaS & HaPPy NeW yeaR... 5 Janvier 2016

    ...Les fêtes de fin d’année ont été tourbillon de festivités. Cela ne m’a pas déplu, ni enchanté d’ailleurs!
    Que ce soit clair, Noël m’est un supplice depuis l’année de mes cinq ans. Maman nous a quitté seize jours avant le passage du père Noël. Cette année-là et les suivantes aussi, Miriette et moi ne demandions qu’un unique cadeau au vieil homme : nous ramener notre mère. Jamais il ne nous a exaucé. Mémé est parvenu à grand peine à me faire respecter la tradition des santons, mais le cœur n’y a jamais été. S’ils décoraient notre cheminée, c’était pour lui faire plaisir à elle. Ash lui, est un convaincu et il se réjouit comme un gamin lorsqu’approchent ces fêtes illuminées. Il en a encore bien profité cette année et je ne me voyais pas lui gâcher son plaisir, je lui ai emboité le pas. Je ne suis pas peu fière de moi, j’ai résisté à la tentation de me noyer dans la vodka. Merci Bonne Mère, dans peu nous repartons pour les Aspidies. Et pour une fois je suis impatiente de retrouver le pays du fog et des manches à balai dans le troufignard -je me comprends- mon appréhension est dans ma poche et mon mouchoir par-dessus.
    Nous avons eu de bons moments tout de même car les nouveaux collègues de Bébé ne sont pas tous des machos pétris d’orgueil. Nous avons même réussi à nous retrouver seuls au monde pendant deux jours. Un exploit vu l’emploi du temps chargé de mon pigeon voyageur. Mais notre séparation lui a servi de leçon, il regagne le pigeonnier dès qu’il le peut.
    La détente a été de courte durée. Ash et moi sommes conviés à déjeuner chez une amie et cela me plonge dans une angoisse folle. Je reformule, Ash et les enfants de Pat ont comploté pour qu’enfin cesse notre brouille idiote. Pourquoi suis-je si paniquée à l’idée de me retrouver en face de Patricia? Comme toujours, c’est moi qui ai coupé les ponts à cause d’un sac d’embrouilles ridicule. À cause des intrigues de Gärtner. Je ne sais même plus pourquoi j’en veux à Patricia et depuis de nombreux mois j’ai cessé toutes communications avec elle. Oui je l’admets, elle me manque. Je suis une ingrate, ce malentendu m’a fait faire une croix sur tout ce qui nous a lié, sur toute l’aide qu’elle m’a apportée quand j’étais au plus mal.
    Mais j’en ai eu assez des manigances, des manipulations, réelles ou imaginées, des potins et des commérages à mon propos, et sur un coup de tête j’ai fait ce que je sais faire de mieux, me carapater.
    La première fois où Patricia m’a ramassé à la petite cuillère, c’est lors de ma première hospitalisation après une semaine d’abus d’herbes folles et de vodka. Et je l’en ai souvent remercié, elle qui m’a sauvé la vie. Puis, il y a une année de cela, entre douleurs, incertitude et fatigue, je me suis mise à ressentir un certain malaise en sa présence.
    C’est moi qui suis en faute, je me suis un peu trop livrée sur mon site web à celui que croyais mon ami. Il en a sournoisement profité pour s’informer de mes petits secrets auprès de Pat qu’elle avait en Guest dans sa propre messagerie. Croyant m'aider, Patricia s'est trouvée mêlée à cette sordide histoire virtuelle, et je n’ai pas apprécié. J'ai énormément souffert de cette situation, lorsque le soi-disant ami a coupé court, j’ai accusé Pat d’y être en parti pour quelque chose. Par la suite il m’a été impossible de renouer avec elle. Elle prend de mes nouvelles auprès de mes amis, d’Ash aussi je pense mais elle se mêle de ses affaires comme je le lui avais rudement recommandé en terme bien peu reluisants. Mon comportement a été odieux, je comprends sa réaction. À présent je me rends compte que lui ai fait beaucoup de mal avec mes exigences stupides.
    Bref, je ne sais pas quelle attitude adopter en me présentant à elle.
    Je doute qu’elle soit aussi avenante que par le passé avec moi après ce que je lui ai dit, seule ma colère parlait et mes mots ont dépassé ma pensée. La situation actuelle est une épée de Damoclès au-dessus de ma tête m’a dit plusieurs fois Bébé. Pour cette visite Ash a manigancé dans mon dos avant les fêtes, il ne voulait pas gâcher nos moments à deux lors de ses congés aussi ne m’en a-t-il averti qu’au dernier moment.
    Nous avons passé quelques jours au chalet en compagnie des tantines et tontons, cela a été très agréable surtout lorsque nous nous retrouvions seuls Ash et moi. Dans ma famille, ils sont fans de randonnées et le sentier des chapelles dans les Alpilles leur procure des heures enivrantes.
    Cerise sur le gâteau, cette fois-ci Bébé s’est abandonné à la détente, il est parvenu à ignorer son I. Phone, sa tablette et ses dossiers numériques. C’est terrible, mais je me suis rendue compte qu’avec lui je m’interdis un total lâcher prise, je reste dans le contrôle de mes émotions. Je devrais être folle amoureuse de ce garçon pourtant je me maintiens dans une réserve que je ne m’explique pas. Or donc, revenons à Patricia.
    Évidemment Juju, Gerry et Jérème étaient dans la confidence. Ils avaient comploté avec Ash pour que je cesse de bouder Patricia et ils nous ont réuni, me mettant devant le fait accompli. Les derniers kilomètres du trajet m’ont été une sacrée torture mentale.
    Je suis affligée, Pat n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sa maladie et son statut de personne aidante l’ont soulagé d’une bonne quinzaine de kilos. Ma Nanouche semble avoir perdu son sourire et sa joie de vivre. Je la connais trop pour comprendre immédiatement que ce ne sont pas mes âneries qui l’ont rendu aussi triste et lointaine. C’est la disparition de sa mère qui l’a autant abattu. Pat avait tout organisé pour que sa maman finisse ses jours dans un cadre de vie familier, mais les évènements ont fait que cela ne s’est pas passé comme prévu. Maë Lynette aurait exprimé ceci par, la messe a été prononcée en trois semaines. Que l’on soit enfant ou adulte, perdre sa mère est un drame dont on a du mal à se remettre.
    Je n’ai pas droit à l’une de ses embrassades à la boa constrictor, juste deux bises que je sens comme forcées et son regard se fait fuyant. C'est … réfrigérant.
    Toutefois, comme à son habitude, Patricia nous a reçu tels des princes, le menu était digne d'un restaurant étoilé. Souvent absente des débats qui ont agité la tablée au cours du repas, ma Nanouche a à peine touché à son assiette et elle ne s’est adressée à moi que par onomatopées.
    Nos moments de complicité ne sont plus qu’un lointain souvenir.
    - Petite, nos actions dépendent de nos choix. Il arrive que nos choix soient malheureux et que cela rende nos actions cruelles, surtout pour ceux qui subissent ces mauvais choix!
    Et merde, prend ça dans les dents Mylhenn. Jamais je n'aurais dû venir, j'en veux à Bébé. Celui-ci m’a fait un regard d’apaisement du genre laisse venir Mylhenn, mais j’ai renoncé au dessert et je suis allée m’isoler dans le bolide du conspirateur. Avec le secret espoir que ma Pat vienne m’y rejoindre. Plus têtue qu’elle y’a pas. Si, moi.
    Il a fallu toute la persuasion de Jérème et d’Ash pour me convaincre de les accompagner lors de la promenade de santé. Dans la région de Pat, il est de mise d’effectuer une petite balade en fin de repas pour permettre aux pauvres estomacs déjà bien malmenés d'accepter l’après dessert. Un trou normand à la sauce Rhône-Alpes en quelque sorte. Et comme de bien entendu, Patricia a profité de notre halte aux écuries pour aller faire la vaisselle. Ben, voyons.
    C'est misère que toutes ces années heureuses se terminent ainsi. Je suis terriblement en colère, en colère contre moi-même. Jamais je n'aurais dû engager cette relation virtuelle et si je devais faire un choix à cet instant, ce serait sans conteste Pat que je choisirai de croire. Là où mon mal-être me montrait un ange d’empathie il est fort possible que cela n’ait été que le diable de la dissension qui me guidait. À l’avenir, les seuls instants précieux dont je désire me souvenir ce sont ceux que j’ai vécu avec Patricia.
    Finalement, Pat et moi avons réussi à nous expliquer en fin de journée.
    En fait ce pour quoi je l'ai insulté et boudé était faux. Elle s’était déjà retirée de notre messagerie communautaire lorsque Gärtner m’a fait croire que c’était elle qui le renseignait sur mes excès. Je suppose qu’il prêchait le faux pour connaître le vrai et par sa faute j’ai énormément déçu ma Pat. En remettant les évènements dans l’ordre nous nous sommes aperçues elle et moi, que ce monsieur nous avait manipulé. Reste à savoir dans quel but? Nous en sommes donc arrivées à la seule conclusion possible : cet homme qui se disait si honnête est en réalité un minable. Cela dit je ne rejette pas ma part de responsabilité dans cette histoire, je me suis livrée à lui avec tellement de facilité que cela me fait honte à présent. De nos conversations en messagerie il ne reste plus rien, mais en les relisant avant de les supprimer je me suis rendue compte que mes propos étaient plus qu’ambigües quand je rentrais dans son jeu. Pour exprimer cela vulgairement, je dirais que l’ai bien chauffé et que je le regrette sincèrement. Pas au point de ne pas être consciente que l’attitude de Gärtner était teintée d’un sacré manque de distinction, voire d'élégance.
    Patricia a été blessée par mon comportement et détail que j’ignorais, l’avocat de Christian a essayé de lui chercher des noises parce qu’elle m’a hébergé un temps alors que j’étais censée n’être installée qu’en région Lyonnaise. Je suis atterrée de constater que cette pourriture est encore capable de détourner la loi à son avantage. Fort heureusement le juge n’a pas accepté cet ajout au dossier de levée d’écrou.
    Nous avons toutes deux besoins d'assimiler cette conversation et au printemps, le temps du renouveau, je pourrai lui faire une visite l'esprit serein.
    - Soul in distress my little Chouquette? C’est à croire qu’Ash passe son temps les yeux rivés sur ma petite personne. Et il frappe toujours à la bonne porte. Oui il est des moments où je me sens absente, tellement seule malgré sa présence. Mes bleus à l’âme lui sont visibles, pourtant je suis convaincue de ne plus avoir d’âme. Dans ces moments-là mon corps est dépourvu d’essence de vie, mon esprit flotte vers un lointain que je suis loin de maitriser, mon avenir. Comme aurait dit mon grand-oncle, tu es très loin dans la forêt ma petite Mylhenn. J’en suis consciente, mais je ne trouve toujours pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Oui bon, je suis perchée et voilà on en parle plus.
    Je suis allée me réfugier aux Aspidies depuis l’épisode Patricia. Ash a repris son stage et le peu qu’il demeure au foyer parental m’est consacré. Cela ne me suffit pas apparemment. Quelques heures d’absence et il me manque déjà terriblement. J'ai attendu des minutes, des heures, une éternité avant de lui avouer qu’il me manque, qu’il n’y a que lui qui puisse soulager mes tourments, mais que je me refuse à bouleverser son emploi du temps. Je l’ai fait bien trop souvent par le passé. Je suis persuadée qu’il fait tout son possible pour être présent alors je me tais, je pleure en silence. Ce n’est pas que je suis mal chez ses parents, mais leur gentillesse affectée m’exaspère, leur indifférence m’irrite et leur compassion mêlée de pitié me donne envie de mordre. Je ne supporte plus les regards empreint d’empathie du personnel, leurs chuchotements à mon passage et leurs sourires bienveillants me mettent mal à l’aise. Autant le dire carrément, tout m’agace. Je dois bien admettre que la plupart du temps le désespoir se lit sur mon visage où mes larmes tracent des sillons humides le long de mes joues creuses. Je jeûne depuis deux jours et personne n’apprécie, Ash moins que les autres, il comprend, il a l’habitude. Je m’en fiche, mon estomac est en mode roue libre et il se dissocie de mon esprit. Charybde et Scylla m’accompagnent dans cet énième malaise.
    Steven l’homme à tout faire de la maison est surnommé affectueusement Mc Gyver par toute la communauté. De l’ampoule du grand lustre à changer en passant par un tableau à poser ou une étagère à redresser, il est toujours au service de qui désire quoi. À chaque fois qu’il me croise dans les couloirs, il me demande si un chocolat chaud, un thé ou une boisson fraîche me ferait plaisir. Des viennoiseries peut-être, un fruit? Maintenant je reste planquée dans la chambre ou dans le petit salon car j’ai honte de mes refus successifs. En milieu d’après-midi Ash m’a une nouvelle fois abandonné à la bienveillance de sa communauté familiale. Un dossier chaud brûlant requérait en urgence sa présence. Il m’a promis son retour pour le lendemain matin, mais à mon réveil un message m’attendait dans ma boîte mail. Il ne rentrera que tard dans la soirée. Même atténuée de mille baisers la nouvelle m’attriste et je crève de le savoir loin de moi.
    Je suis si mal que j'aurais voulu qu’il soit près de moi, qu’il m'encourage des mots de miel qui sont sien.
    Une nuit d’absence et je suis déjà en manque de ses baisers qui éveillent mes sens endormis. Le besoin de ses caresses qui insufflent des bouffées de vie à mon corps qui végète se rappelle à ma mémoire. Son allant nous transporte à chaque fois vers l'une de nos sarabandes étoilées et ce morne plaine m’engourdit. Je suis perdue, je ne suis qu'esprit. Mes cinquante-et-un kilo deviennent spectre dans notre chambre immense. L’espace me bouffe heure après heure et il m’est impossible de gérer cette solitude.
    Désœuvrée, j’essaie de m'occuper de petits passe-temps qui ne parviennent pas à noyer ma solitude, à faire cesser l’angoisse qui m’envahit jusqu’à ce que mon corps soit parcouru de convulsions électriques. À cet instant je voudrais crever. Je sanglote, cachée sous la véranda où personne ne va. Madam’ a décrété que le chauffage n’était pas de mise. À chacun des souffles de ma respiration un nuage blanc s’échappe d’entre mes lèvres, le thermomètre intérieur marque deux degrés. Tant pis si la énième pneumonie me guette, mais mes larmes me sont personnelles, je ne veux les partager avec personne.
    Lorsque le déluge cesse, j’oblige mon ennui à feuilleter un Harrap's trop scolaire pour moi. Je désire plus que tout m’intégrer à la famille, mais ce ne sera pas pour demain, ni pour après-demain. J’aime converser avec le père de Bébé. Lui ne me reprend pas en grinçant des dents lorsque je me trompe, il ne se prend pas la tête avec mes silences et il m’enseigne le parler de la langue de Shakespeare avec patience.
    Madam’ elle, tord le nez lorsque j’utilise un mot malheureux et corrige mon erreur avec la tolérance d’un pédagogue appartenant à la Schutzstaffel. J’ai soudain l’impression de n’être qu’une dégénérée. Je comprends facilement ce que l’on me dit, mais il m’est impossible de répondre. Les mots s’emmêlent dans ma bouche et rien ne sort. Je dois reconnaître que le vocabulaire me manque aussi.
    Finalement Mumy me découvre assise, non plutôt figée sur le grand sofa, mon immobilité l’inquiète plus qu'elle ne la rassure. Elle s'approche discrètement et d'une toux embarrassée tente de capter mon attention. Son intérêt soudain pour moi m'effraie plus qu'il n'atténue mon chagrin. Je balbutie quelques mots qui lui font comprendre ma tristesse et sa prévenance relance le débit de la fontaine. Et la voilà bien embarrassée. Je m’excuse par habitude, avec elle il faut toujours avoir l’excuse aux lèvres, puis je la plante là avant qu’elle ne soit obligée de répondre une vacherie.
    - Ma petite, Ashlimd ne sera pas toujours à vous dorloter, il va falloir y mettre du votre! Trop tard, prends ça dans les dents Mylhenn. Je suis brisée, en miettes, exténuée de ma nuit sans sommeil. J'ai le cœur en marmelade et l'esprit embué. Quand reviendra-t-il remettre en place les morceaux de puzzle qu'est devenue mon unité? Journée de merde.
    Hubert Aquin a écrit avec raison : vivre tue. Kiss kiss Bang Bang...

    MeS RaiSoNS De T'aiMeR... 12 Janvier 2016

    …Je me défends d’éprouver de véritables sentiments pour Bébé. Ce n’est que mensonge!
    Nous avons retenté l’aventure depuis plusieurs mois et je ne le vois plus uniquement comme le tremplin qui me sert à rebondir pour un avenir meilleur. Maintenant il est autre chose que mon apaisement et j’ai bien peu à pleurer lorsqu’il est près de moi. Dès qu’il apparaît, ce sont des caresses d’ailes de papillons qui envahissent mon ventre, j’ai chaud et froid à la fois. Le langoureux de ses baisers me transforme aussitôt en celle que je n’aurais jamais dû cesser d’être. Une petite provençale joyeuse et heureuse de vivre. Je me sens idiote d’écrire ceci, mais c’est ce que je ressens au plus profond de moi-même.
    Je lui ai imposé un break au cours duquel il a fait une rencontre. Il a bien vite mis un terme à cette relation car à ses dires la demoiselle n’était pas friponne pour deux sous. Mon esprit gaulois a aussitôt traduit cette révélation par : positions trop … conventionnelles. J’en ai conscience, je suis une véritable gourgandine.
    Elle n’était pas moi tout simplement.
    - D’un seul regard ma Chouquette! Tu as créé une alchimie entre nous sur le dance-floor ce soir-là! Une étincelle puis une flammèche et enfin le brasier! Bébé me dit cela à chaque fois que je mets ses sentiments en doute. Non en vérité ce sont de mes sentiments dont je doute, je suis devenue versatile à force des mauvais traitements que Christian m’a infligés, je mords parfois la main qui me réconforte. Je cherche la faille mais il n’y en a aucune, Ash reste droit dans ses bottes. Durant nos trois années de vie commune je me suis montrée sous mon aspect le moins séduisant. Gourgandine, allumeuse, colérique et limite schizophrène. Il n’a rien lâché et nous voilà à remettre le couvert. Le Pappey, Marcel, a une expression fort élégante pour désigner ce renouveau de sensualité, il nomme ceci rallumer l’incendie entre les draps. Ma plus grande crainte est que Bébé me rejette parce qu’il se sera aperçu que je ne suis pas la bonne personne pour lui.
    - You are my lucky charm since you put a spell on me! In your way you’re my enchantress! Si après cet aveu je ne crois pas en notre engagement mutuel, jamais je ne parviendrai à dépasser le stade de la liaison. Ash mérite plus. À chacune de mes incartades il me gronde gentiment puis s'inquiète de ce qui me tourmente, de ce qui me pousse à devenir imbuvable. Il me comble d’attentions, mais je me refuse à être le boulet qui le freine dans ses ambitions. Je le laisse à nouveau disparaître durant plusieurs jours, se rendre à ses formations, ses études et ses plaidoiries. J’ai reçu une leçon et je l’ai apprise à mes dépens alors je préfère me morfondre dans un blues pathologique plutôt que de me jeter à nouveau dans la gueule du loup. Écriture devient mon deuxième prénom. Je noircis des pages et des pages d’essais, d’exercices de grammaire et de rédactions qui ne m’apportent aucune satisfaction. Je suis nulle, j’ai la tête ailleurs.
    Je songe à Bébé, emplis de promesses ses yeux me dévorent, son sourire carnassier, charnel et effrayant de concupiscence me donne le vertige et … ce n’est qu’un délire de plus. Le grand homme est loin, un nouveau dossier épineux à traiter. L’acquisition de sa science est parsemée d’épines.
    Mon esprit est verrouillé sur mon Maharajah, alors pourquoi ne pas poursuivre sur le sujet.
    Je suis toujours dubitative lorsqu’Ash me dit que je suis belle, et il me le dit souvent, avant-hier soir encore.
    Selon Christian, dans les bons jours je n’étais qu’un vilain petit canard mal emplumé et lorsqu’il me détestait vraiment il me traitait de grosse vache. Et après ça on me demande de tourner la page comme si de rien n’était. Ne serait-ce pas le lien de cause à effet dans mon manque de confiance en moi?
    Or donc, avant-hier soir je venais de prendre une douche et je suis sortie de la salle de bains vêtue de l’une des vieilles chemises défraîchies de Bébé qu’il abandonne à la penderie des vieux vêtements. C’est là que me fournis en sweets réconfortants lorsque je déprime. Les effluves de son parfum sont tenaces et cela soulage mon désespoir. Je m’égare, re-or donc, décoiffée au possible, le visage mangé par un masque hydratant et de vieilles mules aux mailles distendues à mes pieds, monsieur me fait soudain don d’un compliment. Je me mets en colère et monte rapidement sur mes grands chevaux en croyant qu’il plaisante sur mon accoutrement. Je crois même l’avoir insulté, je l’ai insulté.
    - Ma puce tu es aussi belle qu’un clair de lune! Tellement belle de ce que je vois en toi ma Chouquette!
    Parfois mes neurones n’ont aucune connexion entre eux. J’interprète ce que l’on me dit de manière à ce que cela me rende le plus malheureuse possible. Alors j’ai immédiatement traduit son hommage par un comme tu es moche ma pauvre Mylhenn. J’étais à deux doigts de fondre en larmes, il n’allait pas s’y mettre lui aussi?
    Sans comprendre vraiment en quoi sa phrase m’avait blessé, il s’est approché de moi calmement, il m’a pris la main et m’a attiré face à la psyché. Placé derrière moi, il embrasse ma nuque puis ses bras autour de ma taille, il accroche son regard au reflet de mes yeux.
    - À cet instant je ne vois que tes yeux de biche, ton nez en trompette, tes cheveux blonds et ton corps que j'adore serrer entre mes bras! Tu es belle ma Chouquette, je ne me moque pas de toi! Je ne sais que lui répondre, parfois le silence est la meilleure des réponses. Sous la chaleur qui émane de ses yeux brillants, je me sens devenir gracieuse, superbe … aristocratique.
    - Je te trouve magnifiquement belle par ton grand cœur, par ta spontanéité, quand tu me bats aux jeux vidéo, quand tu tentes de parler Anglais avec ton drôle d’accent. Quand tu égares mes études préliminaires, tu es belle de candeur simulée! Je ne peux m’empêcher de sourire à sa tirade. L’évocation des brouillons n’était pas nécessaire, je m’en veux encore d’avoir jeté ses précieux feuillets à la poubelle. J’étais très remonté contre lui, c’était ma seule excuse. Après tout Bébé a peut-être raison. À son regard je suis belle, charmante, gracieuse, élégante, une adorable apsara. Je n’ai aucune raison de douter de ma séduction puisqu’il m’a déjà déposé sur un piédestal.
    - Tu sais Chouquette, même malade, les yeux bouffis, les joues rouge coquelicot et le nez qui coule je te trouverai à mon goût! Je te croquerai même si tu n’avais que des haillons sur…! Il est intarissable, mais je ne le laisse pas poursuivre, j’ai saisi l’idée générale. Il tient à moi puisqu’il est aveugle de mes imperfections. Je me laisse aller contre lui et cet abandon est en quelque sorte un remerciement, la gratitude que j’éprouve envers lui pour le réconfort qu’il m’accorde jour après jour, pour l’amour inconditionnel qu’il semble me porter.
    Ses mains posées sur mes épaules, il m’encourage une nouvelle fois à observer mon reflet.
    - Regarde dans ce miroir ma puce, regarde bien! Qu'y vois-tu?
    J’ai beau scruter mon image dans la psyché, je suis incapable de distinguer quoi que ce soit de spéciale dans mon apparence. Si, le vert alien du masque hydratant que j’ai appliqué sur mon visage s’effrite en séchant.
    - Tu ne vois rien darling n’est-ce-pas? Il me mange des yeux et cela me laisse perplexe, que distingue-t-il de si extraordinaire en moi?
    - Rien n’apparaît dans ton reflet ma belle Chouquette! Moi seul distingue ta beauté secrète, parce que c’est mon cœur qui la perçoit!
    Il n’a fallu qu’une poignée de secondes à mon grand homme pour me scotcher…

    SMS SuGGeSTiFS... 15 Janvier 2016

    …Pachole tourmente Chichi. Je confirme, mon deuxième prénom n’est pas Tempérance!
    Juste avant son départ pour le bureau j'ai eu l'idée de chauffer un peu Bébé.
    À partir de ce soir il sera de repos jusqu’à mardi et pour une fois nous n'avons rien de prévu, nous serons libres de toutes contraintes. Madam’ ne reçoit pas alors nous pourrons nous vêtir à notre gré pour explorer les couloirs. À l’entendre parfois, j’ai l’impression que Bébé ignore encore à quelles pièces correspondent certains espaces situés sur les plans d’évacuation de la bâtisse familiale. De cette constatation me vient le désir de le provoquer par une proposition malhonnête. L’une de celles que l’on ne peut refuser. Que l'on est obligé d'accepter même si l'on possède une tonne de conscience professionnelle, mon Voyou en est pourvu à revendre. Toutefois, un petit en-cas sous les toits devrait intéresser ma Canaille.
    J’attaque dès la fin du petit-déjeuner en lui chuchotant une amusette à l'oreille lorsqu'il se penche pour me dire au revoir.
    - Si une jeune dévergondée t’offrait de jouer aux découvreurs ce soir, que ferais-tu?
    Aussitôt il me dévisage l’œil égrillard. D’un sourire carnassier il me fait savoir que la proposition est acceptée. Ce qu’il y a de formidable avec Ash, c’est qu’il est à chaque fois partant pour mes jeux polissons.
    - J'ai une réunion très importante en milieu de journée, mais pour ce qui est d’égayer ta soirée je suis ton homme! Et ma cocotte attends-toi à ce que ce soit à la hussarde! Me souffle-t-il à l’oreille.
    Dans ma tasse, le plongeon groupé du scone à la framboise que je tenais entre mes doigts, est parfait. La nappe est superbement éclaboussée et le regard noir de Mumy me transperce. Bravo Ash, grâce à toi je suis dans la ligne de tir. Je ne dois pas à me plaindre, c’est moi qui ai débuté les hostilités.
    La répartie de Bébé me procure déjà de délicieux frissons. Il m’en faut peu me dira-t-on, mais d'ordinaire le vocabulaire d’Ash est on ne peut plus châtié. Pincé. Chiant je le dis haut et fort. Alors quand j’entends cocotte et hussarde sortant d’entre ses lèvres, ici deux mots à connotation sexuelle, je me dis qu’il y a de l’espoir s’il parvient à m’offrir de telles insanités à la table du petit-déjeuner. En société Mumy réprime férocement le langage argotique. Je me tiens en bout de table et même si notre échange a été rapide et étouffé, il a été entendu par Philipp qui sourit légèrement à son fils. Le regard de Mumy exprime les prémices d’un sermon auquel tôt ou tard je n’échapperais pas. Je dévergonde son fils, je suis une … fleur de macadam.
    So shocking. Un baiser prolongé, une caresse appuyée sur la joue et aussitôt Bébé disparaît. Le commentaire aigre-doux de Madam’ sur notre façon de nous donner en spectacle me ramène à la réalité. Je m’en moque royalement, où que Bébé veuille m’embrasser, qu’il le fasse, n’en déplaise à sa mère.
    En milieu de matinée l’on me propose d'aller au village pour choisir les fleurs qui orneront le grand salon. Des tonnes de fleurs, avec obligation de les faire livrer avant dix-sept heures. Ashanti le frère de Penjÿ sera de visite demain et son épouse adore tout ce qui est fleuri, surtout le plus odorant. Chaque fois qu'ils s’annoncent Mumy nous fait friser l'over dose de chlorophylle. Je m’habille chaudement car le soleil brille de mille feux mais il a laissé son thermostat sur frisquet. La promenade a été revigorante et j’ai passé du temps à contempler les oiseaux du parc. Les pauvres n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Oups, dans le bec. J’ai acheté un petit sachet de graines de tournesol à l’animalerie du centre et je le leur ai disséminé près des topiaires. Je crois que Pat m’a donné le virus, elle a raison, l’hiver ces petits volatiles ont besoin d’être chouchoutés. Lorsque je suis rentrée, Steven m’attendait avec une moque de thé brûlant. Un ange passe.
    Phillip s’ennuie ferme aussi me rejoint-il vers quatorze heures trente au petit salon.
    - Quelques parties vous dirais Mylhenn? me demande-t-il en ouvrant le chariot qui contient les jeux de société. Quatre sont disséminés dans la maison et ils sont bien garni. Scrabble, Cluedo, Triominos, Trivial pursuit, jeux d’Échecs et de Dames pour les plus connus. Les tiroirs-coffrets contiennent des jeux de cartes, des dominos, des jetons de poker et … toute une gamme de jeux de réflexions. Madam’ tient à ce que personne ne s’ennuie lors des soirées sans réceptions. Et je reconnais que parfois c’est très amusant de la voire se faire doubler au Poker par Sodishan ou Ash. Hylam, l’aîné de la fratrie préfèrent jouer aux Échecs avec Papily, surnom qu’ont donné les petits au père de Bébé. Oui, sous ses airs de grande dame, Mumy apprécie le poker au lieu du bridge. Je ne juge pas, elle me surprend, c’est tout.
    - Ma fille vous devriez prendre soin de vous! Vous êtes aussi blanche que les neiges du Tibet! C’est une entrée en matière comme une autre dirais-je, mais Phillip a raison, en ce moment ce n'est pas top, ma santé me créer quelques soucis. Je refuse de m’y attarder. Les parties de dames au coin du feu de cheminée se succèdent et le temps s’écoule lentement. Il ne m’est pas nécessaire d’avoir de longues tirades avec celui qui sera peut-être un jour mon beau-père, sa présence est rassérénante et les quelques paroles que nous échangeons sont suffisantes à notre conversation. Lorsque mon IPhone vibre pour la première fois, j'y jette un coup d'œil distrait. Puis en lisant le message, je pouffe comme une adolescente. Quinze heures quarante, Ash devrait être normalement en pleine réunion de debriefing et pourtant ce coquin se livre aux textos suggestifs? Je mets soudain en doute sa conscience professionnelle.
    - Ne m’as-tu pas promis un voyage en terre inconnue? Jusqu’où serais-tu prête à me conduire? Deux icônes cœurs accompagnent son invitation.
    - Choisis ta tenue d’exploratrice, je serais là dans peu! Ceci suivit d’une floppée d’émoticônes baiser.
    Autant dire que mon esprit n'est plus trop à la stratégie, je viens de me faire piquer quatre pions.
    Je songe à l’ensemble de lingerie qu’Ash m’a offert il y a peu et je me dis que cette minuscule tenue en dentelles ajourées devraient faire le bonheur de ce voyou. Je lui réponds aussitôt.
    - Préfères-tu un parcours dans la vallée des délices ou celui qui te conduira au sommet du mont vénusien? Envoi réussi. Philipp capte du regard le sourire benêt qui orne mes lèvres, il comprend rapidement que sa partenaire, moi, ne va pas tarder à le lâcher.
    - Vous n'êtes plus au jeu ma petite! Je suppose que c’est ce garnement d’Ashlimd qui vous déconcentre? Me dit-il l’air amusé. Je n’ai pas envie de lui mentir en prétextant un soudain mal de tête, le père d’Ash connaît suffisamment son fils pour savoir que celui-ci m’octroie des instants privilégiés lorsqu’il est au bureau et cela même lorsque son emploi du temps est chargé.
    - Effectivement Ash me fait savoir qu’il va bientôt rentrer et si cela ne vous ennuie pas je voud… ! Papily ne me laisse pas terminer ma phrase. Le regard nostalgique il me congédie gentiment d’un ‘‘c’est bon d’être jeune’’, il me donne l’impression d’envier son fils.
    Je me précipite dans le couloir et je grimpe les escaliers quatre à quatre. Aïe, j’ai oublié la douleur sourde qui envahit mes talons ces derniers jours. Cela calme mon ardeur et me permet de retrouver un semblant de dignité car si Mumy m’avait surpris à tricoter des pinceaux dans les coursives elle allait en faire toute une affaire d’état. Une fois dans notre chambre je sors les sous-vêtements de leur papier de soie, je me déshabille prestement et après une douche rapide je passe les dentelles arachnéennes. Maintenant il me reste à trouver ce qui sera le plus confortable pour crapahuter joyeusement en compagnie de ma Canaille. C’est mon esprit coquin qui me guide. Ash ne m’a-t-il pas promis un total manque de raffinement et de délicatesse? Une distraction à la dragonne, j’adore. Je m’égare là.
    Les cheminées sont allumées, mais j’ai toujours froid car les distributeurs sont réglés sur minimum dans la journée. Et Madam’ ordonne de tempérer les élans du chauffage central jusqu’à dix-neuf heures. Convecteurs sur dix-huit, même à moins cinq en extérieur. De ce fait je choisis un ensemble chaud, de longues jambières en tricot épais et un pull robe de la même couleur, chameau. Seyant, douillet et … futé. Ainsi lorsque monsieur fixera son ardeur sur pause galante, rien ne perturbera son expertise.
    - Je ne suis plus très loin! Je suis tenté par une varappe ludique, quelque chose d’attrayant à me proposer? Trois cœurs roses.
    Le message s’est fait attendre, mais Ash ne pouvait écrire en étant au volant. En ce moment Bébé rôde la nouvelle voiture d’Hylam et celle-ci n’est pas un break, il vaut mieux être attentif à la route en la conduisant. C’est certainement à la faveur d’un feu ou celle d’un bouchon qu’il a composé sa réponse. Cela veut dire qu’il sera bientôt là, je me sens fébrile tout à coup.
    - C’est dans mon domaine des possibles et j’offre un gîte en dentelles épanouies à l’arrivée! Yeux étoilés et cœurs empaquetés.
    - Il paraît que la vallée de l’Eden vaut le détour en cette saison! Et je me suis laissé entendre que de nombreux points de vue sont aménagés tout au long du parcours! Prête pour l’aventure? Cœur, baiser, cœur, baiser. Vu la longueur du texte, c’est fort probable qu’Indiana Jones soit pris dans un bouchon. Et cela m’arrange car je veux aller en cuisine pour récupérer quelques douceurs indispensables pour nourrir notre concupiscence.
    - De nombreuses étapes sont prévues dont une gastronomique! Framboises, billes de grenade, fraises laquées au chocolat noir. Que préfères-tu? Volée généreuse de cœurs.
    - Chatteries acceptées! Framboises, fraises et une Chouquette sucrée! Une! Cinq émoticônes yeux étoilés.
    Ça promet, le paillard qui s’annonce à la grille du château m’a l’air plus que motivé. La randonnée grivoise se fera donc en mode libertins. Je me précipite aux cuisines. Mademoiselle Françoise garde toujours en réserve des fruits dit conviviaux, fraichement conditionnés, pour les apéritifs des hôtes de Madam’ et je sais où elle les entrepose. Comme il n’est pas utile de ruiner son stock je me contente de quatre belles fraises laquées et d’une modeste barquette de framboises fraîches. Mon larcin commis j’allais remonter illico presto à l’étage, mais manque de bol, c’est à ce moment-là que Peter déboule dans la cuisine. Le cher homme est l’œil de Moscou de Mumy, il lui rapporte chacun des faits et gestes des occupants des lieux. Et là j’ai vraiment l’air coupable. Sans doute a-t-il d’autres chats à fouetter car il ne prête aucune attention particulière à ce que je tiens dans ma main. Il a tout simplement compris à quoi était destiné les fruits et le regard amusé qu’il pose sur moi me fait rougir, ce qui ne fait que confirmer son intuition. Bientôt, toute la valetaille va apprendre que je me sers dans les réfrigérants lorsqu’ils ont le dos tourné, mais j’aurais des circonstances atténuantes. Tous sont conscients que monsieur Ashlimd et sa petite amie ont une jeunesse des plus primesautière car ils nous ont surpris Bébé et moi, en flagrant délit d’enthousiasme plusieurs fois déjà. Mumy ne sera jamais instruite de nos fredaines, j’en mettrais ma main à couper.
    J’ai à peine regagné la chambre que les vibrations de ma sonnerie birdy m’indique un nouveau message.
    - Es-tu prête à m’accueillir dans ton boudoir? Cinq cœurs. Je n’ai pas le temps de composer ma réponse, que déjà, un sourire réjouit aux lèvres et le regard malicieux, monsieur entre dans la chambre avec autant d’enthousiasme qu’un hussard en conquête. Il m’offre la rose qu’il tient à la main et soudain tout devient confus pour moi. Je suis bel et bien amoureuse de l’homme sexy, drôle et adorable qui me soulève de ses bras robustes. Il échange vite fait son costume contre des vêtements confortables et nous partons à l’aventure. Lors de notre périple au détour des couloirs nous n’avons rien découvert d’intéressant, seulement des chambres et des salles de bains en cours de réfection. Je ne savais pas où se trouvait le solarium, ça y est. Pour l’instant il fait salle comble avec les plantes qui craignent le gel. La salle de repos des employés de Mumy est plus que convenable, douillette et fonctionnelle. Madam’ chouchoute son personnel, de cela je n’ai jamais douté. Ils l’ont déposé sur un piédestal malgré sa rigueur et ses exigences. Le sous-sol est aussi vaste que la caverne d’Ali Baba, le musée indien de Kolkata et l’entrepôt treize réunis. Je pense que Papily a dû ramener tout ce fatras lorsqu’ils se sont installés au pays des Aspidies. Des peintures, des fossiles, des statuettes, des meubles anciens et … toute une collection d’uniformes scolaires rangés proprement dans des housses. Ash n’en revient pas, ses parents ont conservé les tenues de chacune des écoles fréquentées par ses frères et lui. Instant d’émotion. Comme s’il n’attendait que nous, nous découvrons un canapé indien remisé près d’antiques chaises de jardin en roseau tressé. Les coussins épais aux couleurs défraîchies sont élimés par endroits, mais les boiseries sombres qui les maintiennent ne semblent pas avoir subi les outrages du temps alors pourquoi ne pas en profiter. Plus rien de ce qui nous entoure ne compte. Ma Canaille sait me rendre réceptive à ses sollicitations et il en profite pour se comporter en sauvage. Souple, élégant, hardi, effronté, mon insolent cavalier me conduit au royaume de la volupté, ma tête enfouie entre deux coussins. Les fruits ont disparu et ma petite culotte est à jamais ruinée, mais cette équipée galante est à inscrire dans notre registre des plaisirs. Lorsque nous avons rejoint la salle à manger l’œil vigilant de Madam’ guettait un éventuel faux-pas, mais nous sommes restés dignes et irréprochables. Légèrement décoiffés aussi. Comme c’est un week-end relâchement qui s’annonce, elle ne porte aucun intérêt à notre tenue plus que décontractée. Bonne Mère, si Mumy apprenait que ma petite culotte déchirée se trouve dans la poche arrière du jean de son lubrique de fils, elle en ferait une syncope.
    Non seulement nous avons abusé de desserts sans calories, mais nous avons définitivement compromis le peu de décence qui nous restait, une fois notre chambre regagnée.
    Je fais pudiquement l’impasse sur le torride. En deux mots, sensualité et luxure…