• CHaPiTRe ( XII )

    GiVe Me youR PaNTieS… 3 Février 2016

    ...Je beugle un ‘’ je suis rentrée’’ tonitruant mais Bébé ne m’entend pas. Il est sous la douche!
    J’arrive un bon quart d’heure après lui et si je veux me rafraîchir, j’ai intérêt à aller fissa dans ma chambre. Ce ne serait même pas la peine d’apparaître au dîner si nous arrivions en retard. Quant à faire toilette commune c’est hors de question. À dix-huit heures la galerie et les corridors sont transformés en couloirs de métro et il s’y trouve toujours une bonne âme à la solde de Madam’ pour faire la circulation.
    Je croise l’œil de Moscou, Peter, en me rendant dans mes quartiers et il n’a pas l’air d’être de bonne humeur.
    Je n’ose courir pour atteindre rapidement ma chambre car il serait capable de me réprimander.
    La réunion de ma Canaille s’est éternisée si bien que j’ai pris les transports pour rentrer de mon escapade en ville et à présent me voilà en petite tenue à quelques minutes de rejoindre la salle à manger. L’aller-retour entre nos chambres m’est pénible, mais il n’y a pas moyen de faire autrement. Mumy est intraitable, je dois avoir mon propre séjour, par correction envers ses hôtes dit-elle. Croiser Lord Machin-Chose, marié, trois jeunes enfants, cramponné au bras de sa maîtresse, est-ce plus convenable? J’apprécie moyennement, mais imiter une squaw Sioux sur le sentier de la guerre pour rejoindre la couette de Bébé quand tout est calme m’amuse énormément. Je trouve pénible aussi cette manie de s’habiller pour le repas du soir. Ne pourrait-on pas de temps en temps passer à table en tenue décontractée ou en robe d’hôtesse? Bébé possède de très beaux coordonnés pyjama-peignoir. Je vois d’ici la tête de Madam’ si j’apparaissais en société vêtue d’une douillette et chaussée de mes chaussons pingouins.
    Prête. Pull fin à col roulé et robe sans manches ultra courte par-dessus, bas ajourés et mocassins vernis à talons plats. C’est la coiffure convenable, imposée par môman, qui m’a pris le plus de temps. Je suis au maximum là, je rejoins Bébé dans son antre.
    Ce n’est pas possible qu’il soit aussi craquant? Depuis quand possède-t-il un pantalon en cuir? Ses fesses sont … Mmm, un vrai pousse au crime. Chemise, cravate et veste ajustée en supplément. Me cacherait-il quelque chose? Pas forcément, il veut juste donner le sourire à môman. Soirée réception me rappelle-t-il gentiment. Mince, j’avais oublié, c’est un coup d’une vingtaine de personnes à table ça. Le baiser que je reçois vaut à lui seul la scène à laquelle nous allons avoir droit si nous ne nous pressons pas.
    Ses mains glissent de mes épaules à mes reins et sa bouche reprend … non chéri pas maintenant, madame Mère n’aime pas lorsque je te fais arriver en retard. Parce qu’il est logique pour elle que j’y sois à chaque fois pour quelque-chose. Euh … elle n’a pas toujours tort. Mes bas et la longueur de ma robe semble soudain inspirer Ash, oui mais non, là il faut vraiment que l’on y aille. Quelques mots susurrés à mon oreille et je le repousse, choquée. Que veut-il que je fasse? Menteuse que je suis, diablement intéressée oui, mais très chaud tout de même. J’en tremble d’envie mais un rien de pudeur me retient. Surtout le fait que Madam’ sera à proximité.
    Le diable insiste en retroussant lentement ma robe d’une main câline, puis il effleure de ses doigts habiles l'intérieur de ma cuisse entre la dentelle de mon bas et celle de ma petite culotte. Son sourire se fait soudain carnassier, cela m’alerte mais trop tard. Sans pitié malgré mes protestations, il me fait basculer sur le lit puis il me comble de bisous cochons, ceux que j’aime tant. Bon sang, ma coiffure est gâchée. Je tente maladroitement de l’arrêter en me démenant comme un ver de terre sur l’hameçon. Quel sauvage, je me retrouve cul nu en un rien de temps, monsieur a de la suite dans les idées.
    Ma robe est déjà limite indécente alors j’imagine sans problème la tête de celle ou celui qui viendrait à s’apercevoir inopinément que je ne porte pas de dessous. Soirée minette, thème élégant s’il en est un. Certes Bébé et moi avons déjà expérimenté la chose, mais ma robe était longue et à jupons volants ce soir-là. Il est clair que monsieur a dû préparer ses arguments longtemps à l’avance, certainement durant sa réunion de debriefing. Je me laisse facilement convaincre, prenant aussi conscience qu’il va m’être impossible de lever les bras sans découvrir mon fondement, alors j’ai intérêt à raser les meubles ou les murs. Je me recoiffe rapidement, cette fois nous sommes vraiment à la bourre. Oups, lapsus révélateur.
    Ouf, nous ne sommes pas les seuls retardataires, Sodishan n’est pas encore arrivé. Cela nous dispense Ash et moi du regard noir et de la réflexion qui tue. L’aigle guette sa proie et il n’a pas l’air de bonne humeur. Mumy se décide enfin à faire servir l’apéritif, Sodishan devrait rester où il se trouve, Madam’ va l’atomiser.
    Si Philipp est un adepte du Bruichladdich, le Bloody Mary est la boisson officielle des apéritifs de Mum’ et il est fortement conseillé aux dames présentes d’approuver sa sélection. La version Peter du cocktail est à base de vodka, de jus de tomate, de jus de citron, de sauce Worcestershire, auxquels il rajoute quelques gouttes de jus de céleri frais. Autant dire que ça arrache. Madam’ triche avec la vodka, j’ai cru remarquer que Peter ne confectionne jamais son drink avec l’Absolut ou la Grey goose qu’elle offre à ses hôtes. Une marque française d’ailleurs. Je ne me risque pas à me mêler aux invités du soir, car je crains la contagion. Bonne Mère que ces personnes sont imbues d’elles-mêmes. Au terme des toasts à prolongations je pose mes lèvres sur le bord du verre, politesse oblige, puis Bébé me passe discrètement une coupe de jus de tomate nature. La vodka et moi avons flirté un certain temps et cela a aussi failli me tuer. D’ailleurs je ne devrais même pas prendre ce verre en main, cela risque de ranimer ma dépendance.
    Madam’ doit avoir faim car ce soir le calvaire cesse rapidement. Famille oblige je suis placée entre Hailie et Ash, mais encore trop près des parents de Bébé, surtout de sa mère. Phillip et Mumy trônent en bout de table, ils dominent la populace dirait mon cher Sam. Repas officiel offert aux membres dirigeants de l’une des nombreuses associations caritatives que gère Madam’ en tant que présidente. D’un ennui à bailler comme à chaque fois. Je suis très mal à l’aise car une fois assise ma robe remonte haut et dévoile quasiment les dentelles de mes bas. Qu’est-ce qui m’a pris de mettre cette robe? En boutique ils la nomment une robe habillée, je t’en ficherai moi des robes habillées comme ça.
    La nappe dissimule en partie mon anatomie, mais je ne peux m’empêcher de me dandiner sur ma chaise comme si j’étais assise sur une fourmilière. Les yeux moqueurs de ma Canaille n’arrangent rien à l’affaire, il s’attend à la révélation à tous moments. Oups, est-il fou? Ce satyre lubrique pose discrètement sa main sur mon genou et la fait remonter le long de ma cuisse. Heureusement que les conversations alentours sont animées car je sursaute et je glousse comme une poule, c’est à la limite du tolérable. Ce n’est pas possible, il vient de relire l’amant de Lady Chatterley ou quoi? Il faut qu’il arrête de me tripoter ou je vais geindre entre la quiche aux poires-roquefort et le flan au potiron. Bonne Mère merci, Hailie est trop occupée par le bavardage incessant de sa voisine de table pour remarquer quoi que ce soit. Des steaks de betterave rouge? Club végétarien ou nourriture équilibrée façon Michelle Obama? C’est Ash, un viandosaure né qui est content, je suis vengée. S’il continue à voyager haut sur ma cuisse, ce saloupiot va m’ouvrir les portes du paradis et de façon cataclysmique encore. Espèce d’idiot, il ne me manquait que cela, les yeux de Madam’ posés sur moi alors que je sursaute une nouvelle fois et que je jappe d’embarras.
    - Mylhenn, what’s happening to you? You look like you’re sitting on a wasp’s nest!
    Ash jubile en me voyant fort déconfite et le sourire qu’il m’adresse est digne de celui d’un ange vertueux. La réflexion de sa mère clôt définitivement la varappe à laquelle il se livrait.
    Le must c’est que je n’ai aucune explication à fournir grâce à l’arrivée tardive de Sodishan. Le jeune prodige daigne enfin honorer la réception de sa présence, avec une demi-heure de retard. Et bien entendu il possède une excuse valable lui, Mumy est tout sourire à présent.
    Je suis soulagée car cet intermède m’a dispensé de donner des explications gênantes à Mumy, genre votre fils est un sadique qui me harcèle depuis le début du repas.
    - Maman a raison ma chérie, je te sens un rien pile électrique ce soir! Mais quel jean-foutre celui-là.
    Bébé a dit ceci d’un air tellement condescendant que le regard de Phillip sur ma petite personne se fait scrutateur et le clin d’œil qu’il adresse à son fils me donne le rouge aux joues. S’en est trop, je me sens mourir de honte et soudain je comprends d’où vient la nature gauloise de Bébé. Tel père, tel fils, Dorothy ne doit pas s’ennuyer avec Philipp. Je hais Bébé à cet instant.
    - Si tu le permets, je vais me passer de dessert, je suis un peu fatiguée! Dis-je sèchement à cet olibrius. Je ne me prive pas car il s’agit d’un cake aux fruits et fromages accompagnée d’une île flottante sur crème pistache. Comme je l’écrivais, repas végétarien jusqu’aux desserts.
    Au moment où je m’apprête à quitter la table Ash me lance une dernière pique.
    - Ça ne va pas ma Chouquette, tu m’inquiètes? Tu n’as pas pris froid en allant en ville au moins? Le ton de sa voix et son faux air d’inquiétude me mettent hors de moi, mais je ne peux m’empêcher de sourire niaisement.
    - I wish a good evening everyone! J’aurais voulu disparaître dans un trou de souris et je n’espère qu’une chose c’est m’être convenablement exprimée. Ce soir ma voix ressemble à celle de Daffy Duck, je n’ai même pas droit à un semblant de dignité.
    Le bon côté de la chose c’est que Madam’ est en grande conversation avec son vis-à-vis si bien qu’elle ne s’aperçoit pas de mon départ. Gare, demain, j’aurais intérêt à me faire toute petite. Une fois à l'abri des regards indiscrets, je vérifie dans la psyché du rez-de-chaussée que rien dans ma tenue n’indique qu’il me manque une pièce indispensable à la décence. Oui je sais, il est bien temps. Cela m’a servi de leçon, dorénavant je réfléchirai à deux fois avant d’accepter les couillonnades que me propose Ash.
    Ne pas mettre de petite culotte avec une robe courte c'est beaucoup de pression et … diablement excitant.
    Tel est pris qui croyait prendre. Á force de vouloir m’escagasser, Bébé était plus que chaud bouillant en me rejoignant dans ma chambre. Histoire de me venger, je l’ai tourmenté en repoussant ses avances épicées, ce, jusqu’à ce que ses mains baladeuses atteignent le berceau d’une reddition sans conditions
    Je n’ai rien à en dire de plus. Du croustillant, de l’indécent, corps à cœurs polissons…

    APaiSeMeNT... 12 Février 2016

    ...Je vis avec les stigmates de mes souffrances passées pourtant il m’aime grand comme ça!
    Il arrive que Bébé nourrisse les falaises hideuses de mes cicatrices en les courtisant de ses doigts maculés d'huile réparatrice. Il m'affirme qu'elles ne se voient que très peu. Il est le seul que je laisse choyer la galaxie encore douloureuse qui orne à jamais l'une de mes omoplates. Des années se sont écoulées, mais j’en ressens parfois la brûlure intense, surtout les jours où mon esprit part en vrille.
    Tandis que Bébé calme le feu de mes souvenirs de ses paumes enduites d'onguent au millepertuis, il m’affirme qu’un jour prochain ces horreurs disparaîtront totalement alors je m’efforce de les oublier en continuant à me parer de petites robes dos nu l’été. Heureusement peu me questionne et si par bêtise l’on ose, je réponds comme pour ma voix, que j’ai eu un accident. Je sais pourtant que si par le plus pur des hasards ces affreuses marques s’effacent de ma peau, mon esprit en restera scarifié à jamais.
    À entendre Ash m’affirmer tout haut ce que je souhaite en silence, je me surprends à y croire.
    Bébé est pétri d’empathie envers moi. Ce qui me met en lambeaux l’oblige à me prouver régulièrement combien je compte pour lui. Il est aux petits soins et il me rassure d’une façon qui ne me laisse jamais indifférente. Je n’ai nul besoin de la puissance d’un relaxant en sa présence. Il chuchote à mon oreille un conte provenant de sa province natale et aussitôt je me retrouve dans le plus chaleureux des cocons. Je n’en saisis pas un traitre mot, mais sortis d’entre ses lèvres ce qui m’est charabia devient apaisant.
    Ash a découvert que l’effet froid du gel d’aloès hamamélis, qu’il a acquis moyennant une petite fortune, me procure un soulagement immédiat. Alors avant de l’étaler sur ma peau frissonnante, il dépose le flacon quelques minutes au freezer. C’est miraculeux.
    Mes maux de l’âme et du corps s'atténuent pour un temps alors je compose une gamme libertine à son intention et il apprécie grandement. Il égare ses doigts à la source intime de la vie, prémices d’un corps à corps qui adoucit mon tout meurtri. Nos tendres chevauchées entre des draps parfumés aux fragrances suaves de jasmin et d’hibiscus me rendent énergie et résistance. Pas que, pendant très longtemps je me suis laissée guider par mes peurs, elles me réconfortaient car en les ressentant je me savais en vie.
    Les remèdes simples de mon gentil sorcier sont un prix de consolation mes jours de tempête. Il prend soin de mon esprit et de mon corps. Après mes séances de sport, les huiles essentielles qu'il applique avec délicatesse sur mes jambes endolories me soulagent. Parfois au terme de ses longs massages je profite des vertus assoupissantes d’un bon bain bouillonnant. Et dans ces moments-là, ce n'est pas toujours la température de l'eau ni l’agitation frénétiques des bulles qui provoquent mon engourdissement. Tout est question de feeling et de timing. Nous nous délectons de baisers savoureux, et sa peau contre la mienne nous … je laisse à votre imagination le soin de rédiger la suite.
    Pour obtenir une certaine quiétude j'ai dû affronter le fracas de la tourmente bien plus souvent qu’à mon tour. Exubérance cataclysmique puis désarroi abyssal étaient mon lot quotidien jusqu'à ce que j'apprenne à ne pas rejeter mes tourments. J’ai dû accepter l’aide que l’on m’apportait au lieu de la repousser. Il n’est pas donné à n’importe qui de soutenir et réconforter une personne qui refuse d’admettre qu’elle a un problème.
    Bébé est de ceux qui savent reconnaître leurs erreurs. Au fil du temps il a appris à quel moment il devait me dorloter, me consoler ou m’écouter. À présent il a parfois le courage de me rejeter et c’est ce qui fait toute la différence. Au début de notre relation jamais Ash n’a élevé la voix sur moi, il a attendu patiemment que les éclats de voix, quels qu’ils soient, ne m’effraient plus. Christian m’aboyait dessus, bramait comme un cerf chaque fois qu’il avait quelque chose à me reprocher et s’exprimait par grognements chaque fois qu’il était contrarié. Un animal en quelque sorte. Quand cela devient nécessaire, Bébé me remet en place en criant avec élégance, autant dire que certaines fois il gueule fort sans être crédible, il m’a trop choyé au début de notre relation, je ne ressens aucune menace lorsqu’il me crie. Il a des excuses, quand je tombe de Charybde en Scylla je deviens imbuvable, dangereuse voire folle à lier.
    Un être parfait cela n'existe pas, ce n’est pas dans la nature de l’humanité.
    Bébé est l’homme qui a compris que je ne guérirais jamais totalement des sévices qui m’ont été infligées. Il m’accompagne dans ma reconstruction sans chercher à me convaincre de sa capacité à faire disparaître mon passé. Grâce à lui, rassérénée, je remonte lentement des abysses, Bébé tient fermement l’échelle qui m’aide à me hisser, barreau après barreau, vers ma lumière d’existence. Il m’arrive encore, souvent, de rater un échelon mais j’aperçois presque le bleu azuréen du ciel.
    Ce n’est pas encore de la résilience, mais au moins je ne lutte plus contre moi-même…

    CoRPSMaN aT HoMe... 6 Février 2016

    …Ma spécialité, la distinction. Rien à voir avec l’élégance ou la courtoisie, je suis une quiche née!
    Il a encore fallu que je me distingue. À cause de moi Ash a dû faire le pied de grue dans la salle d’attente du service d’urgences le plus proche. Mon état ne nécessitait pas de soins intensifs, mais à surveiller tout de même. Pourquoi? J’ai exécuté l’envol du dodo dans le grand escalier. Je sais à présent que je ne suis pas faite pour voler. Ni pour atterrir d’ailleurs.
    Afin de ne déranger personne, j’ai voulu me rendre dans la cuisine domestique, celle réservée aux membres du personnel, afin de me confectionner une mini salade de fruits et un thé. Comme Madam’ et Phillip étaient absents, je me suis lancée dans les escaliers en chaussons à scratchs et la catastrophe était prévisible vu que le tapis d’escalier est très pileux et que je le redis, je suis une quiche née. Je sais à présent que Mumy a de bonnes raisons pour … bref, presque arrivée au bas des marches, l’une des pattes agrippantes s’est défaite et s’est accrochée au tapis. Cela m’a fait perdre l’équilibre et je n'ai pas eu le temps de me cramponner à la rampe. Je me suis aplatie de tout mon poids au bas des marches, cinq tout de même, et ma tête a heurté le pilier massif qui maintient la rambarde. J’ai été KO en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Désolée mais je dois le coucher noir sur blanc, putain que ça fait mal.
    Il paraît que j’ai perdue connaissance cinq bonnes minutes au moins et lorsque j’ai rouvert les yeux, tout le personnel qui m’entourait était vert. Pourtant c’est moi qui ai expulsé la chlorophylle d’un jet puissant. Ils se sont tous affolés car à cet instant ils auraient volontiers parié leurs appointements sur un traumatisme crânien. J’avais l’impression qu’un troupeau d’éléphants dansait la salsa dans mon crâne et mon estomac vide s’agitait en de douloureux soubresauts. Peter a appelé le médecin de famille qui a aussitôt ordonné que l’on me fasse conduire aux U. J’étais vraiment groggy parce que je n’ai pas protesté. De toute façon j’étais incapable de me relever, ma tête désirait se désolidariser du reste de mon corps. Re-putain que j’ai eu mal.
    Je n’ose imaginer la vitesse à laquelle Ash a roulé pour me rejoindre. Il était en séance de tirs et pourtant il est arrivé aux urgences en même temps que l’ambulance. La spécialiste en traumatologie a failli péter les plombs avec lui. Bébé était plus qu’envahissant. Je vais l’écrire, franchement chiant. Il a finalement été expédié en salle d’attente. Je me suis aussitôt sentie mieux. L’on m’a mis sous perfusion, tout un poème pour me convaincre du bien-fondé de la chose, et je me suis assoupie. Rien d’anormal n’a été décelé après l’étude des nombreuses radiographies qui m’ont été faites. Rien? Le médecin avait un je ne sais quoi d’inquiétant dans le regard lorsqu’elle a étudié les clichés? Elle a été rassurante, mais j’ai eu l’impression que ce n’était pas mon crâne qui lui posait problème. Quelques heures de surveillance et l’on m’a permis de rentrer. Directement dans la chambre de Bébé, sans discussion. Madame mère n’a rien à y redire, Ash est survolté. Je suis passée à quelques millimètres du traumatisme crânien grave lui a-t-on confirmé. Je veux bien le croire, les clochettes du paradis résonnent encore dans ma tête.
    Bébé m’interdit de quitter le lit et Bonne Mère que je m’y ennuie. Ce n’est pas le moment de me proposer un jeu coquin car mon allant est plus que précaire. Quant à la lecture, même pas en rêve, il me serait impossible de me concentrer. Un DVD? Trop bruyant, même sans la bande son. Je sommeille, je grommelle, je me morfonds. Ash a vraiment eu peur et il a encore du mal à encaisser. Peu à peu le lit devient une annexe de son bureau et ses dossiers s’étalent sur la banquette. Il a ressorti ses cours, mais je vois bien qu’il n’a pas la tête à étudier. Son regard inquiet se pose souvent sur moi.
    James nous monte une collation dans la chambre et cela m’arrange à merveille car je dois reconnaître que mes pas sont encore bien chancelants. Cela dit un roast gammon et un crumble aux fruits rouges c’est parfait pour Bébé, moi je renonce dès la première bouchée. Trop étouffe chrétien. Même un thé a du mal à passer. En fin de journée Mumy se pointe à la porte du donjon. Je venais de m’endormir alors c’est dire si je suis heureuse de la voir. Ash n’est guère plus enchanté que moi, il avait enfin la paix.
    - Depuis le temps que je vous répète ma petite qu’il faut ne faut pas dévaler les escaliers en courant, cela vous servira peut-être de leçon! Aigre-doux, piquant, caustique, je ne sais comment qualifier ce commentaire? Il n’y a pas à dire, Mumy à un don pour réconforter ceux qui ont besoin de compassion. Je ne courais pas bon sang, je me suis pris le pied dans l’attache de mon chausson. Je lui cache tant bien que mal les coupables sous le plaid qui recouvre mes jambes, mais elle a des yeux de caméléon.
    - Et vous n’étiez pas chaussée correctement m’a-t-on dit! Signé Peter évidemment. Je ne relève pas.
    - Allez-vous bien au moins? Il vous faut beaucoup de repos alors je donnerai des ordres pour que l’on vous serve à l’étage! Dès que vous vous sentirez mieux, il serait plus convenable de regagner votre séjour Mylhenn! Ainsi en a décrété la reine mère et hors de question que j’en place une. Ah tout de même, Ash montre enfin les dents. Je ne quitterais sa chambre que lorsqu’il le décidera lui, dit-il fermement à môman.
    Impertinent, insolant, quelque peu cavalier? Mumy s’est retirée en groumant tel un lion en cage. Ses paroles étaient indistinctes, mais l’air y était.
    Je rêvasse en observant mon grand homme. Il est tard pourtant le sommeil me fuit. Je me surprends à lui chercher des imperfections, mais je ne trouve que des petites manies qui ne lui valent pas de reproches. Elles m’émeuvent plus qu’elles ne m’agacent.
    Il met un temps infini à sécher sa crinière, ses produits de toilette envahissent les vitrines de la salle de bains les rendant dignes d’un présentoir Séphora, ses chemises griffées et ses tenues de prétoire recouvrent mes manteaux dans Ma penderie, il truffe mes boites d'ornement du contenu de ses poches chaque fois que James emmène ses costumes au pressing, il crible ma chambre de post-it de toutes les couleurs lorsqu'il est en mode Sherlock Holmes, il honore les rendez-vous pris avec sa maîtresse, Dame Justice, mais oublie ceux qu’il me donne, heureusement il se fait pardonner avec de superbes bouquets et des mignardises dont il est coutumier. Á le voir ainsi, abandonné au bras de Morphée, sa tête reposant sur mon épaule, il ressemble à un innocent petit garçon. Je ne peux me retenir de caresser tendrement son visage de mes lèvres.
    Ce que je lis souvent dans son regard me donne à penser que mon éden est à portée de mains...

    DaTiNG WiTH The WoLF… 8 Février 2016

    …Ça y est je me sens à l’étroit, je vais bientôt devoir regagner ma Provence. Complice et dévoué!
    Un petit break à deux m’est nécessaire. Je me sens comme un tigre en cage dans cette grande maison. Je suis arrivée à négocier une petite extravagance avec Steven qui pour moi est toujours partant. En cachette de Madam’ il m’a confié les clefs du petit bungalow au fond du parc pour la fin d’après-midi. Ils nomment ainsi l’extension de l’édifice principale, mais c’est carrément un cottage. L’on y trouve deux belles chambres et une grande salle de bains à l'étage. Au rez-de-chaussée, le hall d'entrée est confortable, tenant plus d’un salon douillet que d’un vestibule. La cuisine est totale dernier cri et il y a une petite salle d’eau à proximité. Généreux en espace dirais-je. Madam’ loge ses invités VIP XXL dans ce pavillon afin que ceux-ci aient un peu d’intimité avec leur famille lorsqu’ils sont de passage chez les leurs. Je dirais juste que la meute vorace qui nourrit le dieu tabloïd a du mal à découvrir ses victimes dans ce cadre confidentiel.
    Or donc Mum’ est en visite chez son oncle Francis, un pitre né, peut-être de trop. C’est ce qui pourrait éventuellement écourter la villégiature des parents de Bébé. Soyons fou, je tente l’entrevue galante.
    J’ai envoyé par mail une invitation dans les règles à Ash en précisant qu’il s’agissait d’une audience privée. La réponse ne s’est pas fait attendre, un oui magistral.
    Or donc Steven nous a concocté une dînette d’enfer. En-cas froid évidemment, je ne veux pas avoir à cuisiner. Livraison à domicile. J’aperçois un pingouin, uniforme de rigueur, perché sur une voiturette qui traverse le parc discrètement entre les topiaires. J’adore Steven et il me le rend bien. Je lui ouvre la porte car il transporte l’énorme plateau couvert qui contient les amuses gueules et les crevettes couchées sur tranche de pain beurrée que je lui ai expressément demandé. L’anorexique que je suis adore ça. Deuxième voyage de la voiturette à l’îlot pour le dessert et les boissons, Steven a pensé à tout. Le tiramisu de marrons glacés, éclats de nougatine amande est d’ores et déjà au regard une tuerie.
    Mes remerciements font chaud au cœur à ce brave Steven.
    Je suis fière de moi. Une fois seule je passe la tenue fripouille qui plaira à mon grand loup. Des sous-vêtements à faire damner un saint, Une courte jupe écossaise à plis par-dessus des guêtres grosses mailles, un pull moulant et … détail qu’Ash adore, mes cheveux coiffés en tresse basse et lâche. Ma tignasse blonde est de plus en plus longue car ne me déplaçant pas seule je ne peux pas me rendre chez le coiffeur autant de fois que je le souhaiterais. Non, je ne conduis pas aux pays des Aspidies. Si, je possède mon permis de conduire, mais moi, rouler à gauche? Je n’y pense même pas. Je suis tellement quiche que ce serait la catastrophe assurée. Je regrette beaucoup mon body minute esthétique en région Lyonnaise. Ici il y a Bridget, à Londres, trop … So british. Tant pis si je ressemble à une vilaine fille, mais Ash aime jouer avec mes … Stop, je n’en dis pas plus. Bon si vous voulez, je vous accorde un bonus, il n’est pas prouvé que Bébé s’intéresse plus à ma petite culotte qu’à ma coiffure.
    - I’m on my way! You make me hungry! Petit message fort sympathique, car il est accompagné d’émojis assez explicites. Monsieur à l’air d’avoir totalement assimilé le thème de la soirée et cela me donne envie de ... m’émoustille déjà. Dès son arrivée j’ai droit à un sifflement admiratif et au bisou d’honneur. Celui qui, à la limite de la bienséance vous déchire les papilles et vous assèche la langue. L’un de ceux qui provoque d’exquis frissons et ruine l’innocence d’un tanga hors de prix en quelques secondes.
    Ash s’inquiète subitement, ai-je réellement réussi à soudoyer Steven? Je le rassure illico. Le service, la dînette et la discrétion sont offerts par l’office. Toutefois la propreté des lieux sera à la charge des occupants illicites. En clair lui et moi. Alors nous nous en tiendrons à l’îlot et au sofa si nécessaire.
    Bébé a reçu une bonne éducation, en un temps trois mouvements il ôte ses chaussures et ses chaussettes.
    D'ailleurs c'est la première chose qu'il fait en rentrant le soir, il adore marcher pieds nus, certainement à cause de ses origines. Dans sa prime enfance, pour se déplacer il ne connaissait que sa plante de pieds ou les tatanes en caoutchouc m’a-t-il dit.
    L'idée de faire popote en mode virilité féminité lui plaît énormément et il guigne déjà sur ma tresse ce qui me fait envisager le meilleur, nous sommes sur la même longueur d’ondes. Le début des festivités est fort plaisant et ce coquin a dû trouver un moyen de tricher car s’il est toujours vêtu de son pantalon, moi je me suis retrouvée en sous-vêtements assez rapidement. Dentelles, guêtres et tresse, cela lui donne des idées car je le vois remettre le couvercle sur les amuses gueules. Trou normand entre les tartines et les verrines. Ce que monsieur peut être lubrique quand il s’en donne la peine. Qui connaît l’élixir prélevé à la source? Après m’avoir ôté mon tanga, ses lèvres divines visitent consciencieusement chaque repli de mon intimité. Cul nu et cambrée, j’ai toujours mes guêtres, je couine comme une souris effrayée par un gros matou, mon ventre est parcouru de mini crampes. Les baisers de feu de Bébé me maintiennent dans une brume de sensations délicieuses. Je vais être rapidement propulsée au sommet s’il continue à ce rythme.
    Êtes-vous atteinte de poussées exhibitionnistes ma chère Mylhenn me dira-t-on en lisant ce chapitre. Non, je me dois juste d’être honnête avec moi-même. J’écris avant tout pour trouver des réponses. Mes écrits me sont thérapie, tous mes écrits. Et en me relisant j’espère découvrir ce qui fait la différence entre faire l’amour avec un mari brutal ou le faire avec un amoureux bienveillant? Dans les bons moments j’étais sa merveille, Christian était le dieu de l’amour pour la jeune fille que j’étais alors. Quand il n’essayait pas de me tuer, il me traitait comme une princesse. Lors de ses crises de démence il me maltraitait au pire, mais notre intimité restait un cocon qu’il n’a jamais brisé. Doux, prévenant et inoffensif. C’est pour cela qu’à aucun moment je ne me sentais agressée sexuellement lorsqu’il m’entraînait dans notre chambre. Mon cerveau se mettait sur off et j’oubliais tout ce qui n’était pas ses câlineries. Ash lui est attirant, plaisant à vivre, facétieux et … velouté. Passionné aussi. À aucun moment je ne me suis sentie menacée avec lui, mais mon peu d’expérience conjugale normale ne me permet pas de faire une véritable comparaison. C’est donc pour cela que je rédige de temps en temps quelques articles coquins. Celui-ci l’est particulièrement. Franchement? Je ne regrette pas d’imposer ces lignes aux yeux outrés de ceux qui les parcourent. Si cela leur devient trop dérangeant, qu’ils sautent ce passage.
    L’on me dira également qu’une cuisine n’est pas le lieu idéal pour tester la libido d’un couple, pourtant certains pourraient être surpris de ce que l’on peut exécuter sous les yeux attentifs d’une bouilloire et d’une casserole. Dentelles, guêtres et tresse, le tout présenté sur le plan de travail, rendent fou mon chéri. La preuve, mon soutien-gorge, très conciliant, est parti randonner sur l’îlot, rejoignant ainsi sa culotte coordonnée, la chemise et la veste d’Ash. Je ne sais d’où me viens ce besoin de me montrer avide, à présent mon corps est parcouru d’une flamme qui le dévore entièrement. Je suis à deux doigts de la jouissance en constatant combien n’être parée que de mes guêtres me rend sensuelle à ses yeux. Ses baisers et ses attouchements méritent la mention interdit aux moins de dix-huit ans, ils sont top cochons. J’aime.
    Je me laisse glisser lentement contre lui puis je dégrafe sa ceinture et les boutons de son jean. Il a vite compris où je désirais en venir. Sans complexes, il se retrouve pantalon et caleçon au-dessus des genoux. Tandis que mes lèvres parsèment son torse soyeux de petits baisers papillons, je flatte longuement sa virilité de mes paumes. Ses yeux rivés aux miens il semble apprécier la thérapie. La turgescence de son membre tressaute et je le sens se raidir plus encore entre mes doigts. J’obtiens sans peine ce que je désire. Les mains de Bébé caressent tendrement mes épaules, quémandant poliment la permission de se perdre en de souples va-et-vient entre mes lèvres, puis dans l’étroitesse de ma gorge. Demande accordée.
    Sa peau fleure bon le suc mâle qu’il distille avec parcimonie sur ma langue. Là c’est moi qui laisse échapper un gémissement ou deux. Mon épiderme vibre au rythme de mon agitation, son corps se tend et à peine a-t-il le temps de me prévenir que ma bouche est noyée de sève.
    Essoufflé mais toujours vaillant mon chéri. Il enserre ma taille et me relève à niveau de son érection encore fort acceptable. Mon coude heurte un plateau en cuivre et il choit lamentablement au sol dans un fracas épouvantable. Cela nous fait rire mais ne nous détourne pas de notre but. Sensation délicieusement triviale que celle que je ressens à me faire tripoter vêtue uniquement de guêtres en lainage.
    Je ronronne, il grogne, nous sommes emportés par le feu de nos sens. Je fonds littéralement de plaisir, mes pieds croisés sur ses fesses, je l’emprisonne en moi. Ma tenue décuple son envie. Nos spasmes orgasmiques nous font nous cramponner l'un à l'autre, je me laisse prendre, je me donne sans vergogne, s’en est presque douloureux. Plaisir partagé, mais monsieur en veut toujours plus. Il tient ma tresse entre ses doigts, je devais dire il m’arrache la peau du crâne avec vigueur tandis qu’à nouveau il se faufile délicieusement en moi. Il recouvre ma poitrine de son autre main afin d’éviter que je ne me blesse contre les boutons des tiroirs de l’îlot. Je m’abandonne à ses tendres sévices, acceptant avec allégresse la rudesse de ses coups de reins jusqu’à ce que nous soyons l’un et l’autre consumés en un brasier ardent. Quel panache, je le dis ouvertement. Je suis lessivée, essorée, comblée. Ash est béat, il frôle la léthargie.
    Quant à mes réponses, ce ne sera pas encore pour cette fois-ci, mon cerveau se refuse à évoquer mes galipettes avec Christian en un tel moment.
    Après l’effort, le réconfort. Comme je le pressentais le tiramisu s’est révélé exquis…

    ONDuLeR De La ToiTuRe… 9 Février 2016

    …Ma raison et mon instinct refusent d’admettre que cette rupture brutale m’a protégée!
    Je retombe une fois encore dans mes travers. La récidive de trop. Comme le papillon de nuit attiré par la lampe d’un réverbère, j’y reviens encore et encore. J’ai à nouveau besoin de me brûler à la flamme des regrets. Gamine, la réalité m’a rudement giflé, puis plus tard, faisant à nouveau confiance à Cupidon, je me suis ramassée en beauté. Il a fallu me récupérer à la pince à épiler tellement j'étais disloquée. J’ai fui pour me reconstruire, pour me cacher plus exactement. Non c’est encore faux, pour disparaître définitivement. Après mon passage en soins intensifs je ne suis jamais vraiment revenue parmi les vivants, du moins le croyais-je dur comme fer. Je suis rentrée d’Amérique du Sud la fleur au fusil, déterminée à casser du monstre. Éloigner de mes pensées son fantôme qui me quittait rarement m’aurait déjà été soulagement.
    Rien ne m’a servi de leçons. Je pleure à nouveau pour des nèfles, le naufrage d’une relation restée virtuelle. Je me sentais seule et pourtant j’étais très entourée. Abandonné par le peu de courage qu’il me restait, je me suis rendue genoux ployés à mes angoisses, ma paranoïa, mes addictions, je n’ai pas lutté. J’ai offert le peu de raison qu’il me restait à un inconnu de la toile. Il me faisait m’envisager un avenir car mon cœur battait plus fort à chacune de nos connections. J’ai tenté l’aventure, j’ai échoué. Cela n’a pas été une surprise, j’en avais deviné l'épilogue depuis longtemps. Heureusement Bébé était toujours inscrit au programme, mais cela je l’ignorais encore. Je me lamente et je sanglote parfois sans bien comprendre pourquoi. Sam me traite de démente et je pense qu’il n’a pas tort. Il est des moments où je suis totalement incapable de dire si c’est mon passé chaotique qui m’a brisé ou cette relation virtuelle avortée qui m’a transformée en kaléidoscope?
    L’amour ténébreux et visqueux que me portait Christian m’a fait avaler maintes et maintes fois des océans de perles salées et je m’y suis engluée comme un goéland dans du pétrole. Plus tard, je me suis laisser croire que les sentiments empathiques que disait me porter Gärtner étaient réels, ses mensonges m’ont conduit droit en utopie et j’ai encore beaucoup de mal à retrouver mon chemin pour en revenir. Je me perds dans un labyrinthe de contradictions, m’évertuant à vouloir le conserver ange à ma mémoire, mais sachant pertinemment qu’il n’était qu’un petit homme, tout aussi paumé que moi.
    Ce qui me fait souffrir, c’est la perte de ce simulacre de bonheur qui peu à peu, trop rapidement à mon goût, s’estompe de ma mémoire. Une réelle scarification affective qui se referme douloureusement.
    Par cette triste histoire je n’ai récolté que la preuve de mon déséquilibre. Une psychose récurrente, la désintégration de ma personne agressée me répète souvent ma nouvelle thérapeute. J’ai tellement mal. Mal de l’accompli, mal du présent et le pire est que j’ignore si cet immense chagrin vient du profond sentiment amoureux que je croyais éprouver pour un inconnu ou du fait que je me sente médiocre, maladroite à me faire aimer. Cette mélancolie se prolonge car j’ai tout simplement été larguée, rejetée, comme … régurgitée. J’en suis plus que contrariée, j’en suis humiliée et j’endure cela parce que je me figure que je l’ai mérité. J’ai joué avec le feu et la Bonne Mère m’a puni. Gärtner me manque, non, le plaisir de le lire me manque. Certains mots font mal, mais dans certains cas leur absence est mille fois plus insupportable. Il m’a envoûté, il a enflammé mon corps et enchainé mon cœur. Il m’a rendu corruptible. Peu à peu je prends conscience que mon raisonnement n’est qu’absurdité, je ne suis coupable en rien. Des jours apaisés s'annoncent et je me prépare à les recevoir avec gratitude. Ces tourments du cœur cesseront-ils bientôt?
    Mon premier cercle guide mes pas avec bonté. Cette aide généreuse m’est cadeau…

    THaNKS BaBy, THaNKS… 10 Février 2016

    …Je n’ai aucune idée de la façon dont je peux remercier Bébé pour la sécurité qu’il m’apporte!
    Il peste lorsque je me laisse aller à lui offrir un présent couteux. Il m’en sait gré mais il râle en disant qu’il a l’impression que je le rétribue pour ses bienfaits, pour les sentiments qu’il me porte. Ce n’est pas cela du tout. Je sais que je m’y prends mal, mais il est loin d’imaginer d’où il m’a sorti. Si, un peu quand même. D’une décharge abjecte d’actes inconsidérés. Certes je me suis confiée à Penjÿ, à ma Nanouche, Ash aussi a prêté l’oreille à mes fautes mais il est de mes erreurs et de mes grands péchés que je n’oserais jamais confesser à qui qui se soit, pas même à ma thérapeute. Je suis consciente que me taire m’empêchera de guérir totalement, d’accéder à ma sérénité d’âme. Pour l’instant c’est entre la Bonne Mère et moi, elle m’a jugé et absous. Ce ne sont que peccadilles pour celui qui, le premier, m’a maintenu la tête hors du trou. Sa hiérarchie l’en a bien mal récompensé. Un jour peut-être me laisserais-je aller à bavasser sur le sujet. J’ai souffert et je n’ai pas toujours su me dérober aux mauvais choix. Je m’égare là.
    Maintenant il est seulement question de trouver un moyen de remercier Ash sans l’offenser.
    Je désire lui prouver ma reconnaissance pour … pour quelles raisons exactement?
    Pour m’être apparu miraculeusement un soir de déroute, pour le premier regard qu’il a posé sur moi, un regard qui m’a été instantanément lénifiant. Pour le slow torride qui nous a uni durant de longues minutes. Pour avoir rompu ma solitude, pour avoir ranimé une étincelle d’énergie en moi.
    Il me vient des dizaines d’autres raisons de lui rendre grâce.
    Pour les richesses de cœur qu’il m’offre et qui reconstituent mon tout.
    Pour son corps caramel qui me façonne un refuge solide.
    Pour les mots d’espoir qu’il susurre à mes nuits d’insomnie et qui apaise la véhémence de mes angoisses.
    Pour les étoiles qui brillent dans ses yeux lorsqu’il me regarde.
    Pour ses absences qui m’ont laissé croire que je m’attachais à un autre et fait comprendre que c’est lui et seulement lui mon âme sœur.
    Pour ces nuits sans sommeil où il me confie être le roi du monde juste parce que je lui appartiens.
    Pour sa main qui serre la mienne à chacun de mes pas hésitants.
    Pour ses éclats de rire tonitruant que je provoque lorsque mes propos deviennent délirants.
    – Mon corps est un temple dans lequel tu ne feras plus aucune prière! Lui avais-je dis un jour où je n’étais que criaillerie et cherche-querelle.
    Je lui sais gré sans retenue pour avoir longtemps accepter mon besoin de me fondre dans l’anonymat.
    Pour les soirées folles et délicieuses qui me font découvrir son monde.
    Pour les câlins tendresse qui se transforme en virilité velours.
    Pour les jours où suffisamment perchée je déteste assez la vie pour avoir envie de … par chance il est là.
    Un proverbe anglais exprime ceci, beaucoup remercier signifie secrètement demander davantage. Moi ce n’est pas un encore plus que je désire, juste lui faire comprendre que je lui suis infiniment reconnaissante.
    Merci, merci, merci. Thousand million of kisses Honey mine...

    VeiLLe De SaiNT-VaLeNTiN… 13 Février 2016

    ...Saint-Valentin en approche. Ses vacations me privent une fois encore de sa présence ce jour-là!
    Bébé a été commis d’office pour une série de sessions au tribunal et cela n’en finit pas. Entre ses cours et son travail je me sens abandonnée. Terriblement seule. Cinq jours, une éternité. Depuis plusieurs semaines il me vient à l’esprit que je pourrais aller faire une visite aux tantines. Elles me manquent, je les néglige depuis trop longtemps. Mamaiette et Mamadeine sont les rares personnes de ma famille à encore apprécier ma présence. Pire, Palavas et ses plages s’effacent de mes souvenirs et pourtant j’y ai eu tellement de bons moments. Lorsque je suis au plus mal, seule ma Provence peut me redonner courage. Celle des bords de mer loin des grands ports. Celle des collines, des garrigues, des vignobles et des champs de lavande.
    Celle des petits villages perchés sur les hauteurs. Celle des troquets où l’on vous accueille avec un pichet d’eau fraîche en venant prendre votre commande. Celle où les gens du Sud de la France sont fiers de leur accent chantant. Celle où l’on peut s’asseoir aux pieds d’une vierge et refaire le monde en pensées. Celle où l’on peut croiser un papet qui affirme qu’il est facile de toucher les étoiles certains soirs d’été. Celle où de petits hameaux en ruines, mangés par les ronces, dissimulent des maisons au somptueux passé.
    Si je me laisse aller à la nostalgie, je vais me mettre à pleurer.
    Demain c'est la Saint-Valentin disais-je. Je n'ai jamais été fan de ce genre de fête à fric, mais comme Ash me manque vraiment trop, je me raccroche aux branches. Recevoir un cadeau de son amoureux fait toujours plaisir non? En plus je suis jalouse. Phillip m’a confié qu’en parfait romantique qu’il est, il va offrir un énorme bouquet de roses rouges accompagnée d’une carte en forme de cœur à Dorothy. Comme chacun le sait, la rose rouge est le symbole de l'amour absolu dans le langage des fleurs et il paraît qu’aux Aspidies la tradition de la Saint-Valentin est encore très suivie. Pas par tout le monde apparemment.
    Bébé lui, semble ignorer qu’un petit présent ce jour-là ferait extrêmement plaisir à sa dulciné. Oui, je suis toute en contradiction. Il est exact que je trouve que la Saint-Valentin est une fête commerciale, mais au plus profond de moi j’aimerais qu’Ash marque le coup, ne serait-ce que pour me taquiner sur mes certitudes, parfois trop surprenantes pour être logiques. Les gestes tendres et les mots doux de Bébé sont indispensables à mon bon fonctionnement. Ces gentilles attentions n'ont rien d'extraordinaires, il m’offre des petits bonheurs qui me rendent confiance en l’Homme avec un grand H.
    Alors je me dis que quoi de mieux que la Saint-Valentin pour tester mon amoureux?
    Je n’ai nul besoin de tester son affection, elle est indéfectible, je le sais. Et certaines fois cela me fait peur. Christian m’aimait tellement lui aussi. Les premières années de mes vingt ans je m’en suis pris plein la tête et cela au sens littéral du terme. Au cas où l’on ne l’aurait pas encore compris, j’ai servi de punching-ball à un forcené trois longues années durant. Les trois suivantes ne m’ont été qu’errances et décisions hasardeuses.
    Ensuite j’ai dû faire face à une nouvelle déception. Trois années, encore trois, à croire au prétendu amour d’un virtuel que je nommais mon ange. Il a brisé mon cœur alors que moi-même je souhaitais couper les ponts. Jamais je n’en trouvais le courage. Je suis toujours en contradiction avec moi-même. Les sentiments que je ressens n’existent-ils que pour alimenter ma sottise? Ces séries des trois m’effraie je l’admets, j’ai conscience que je tue dans l’œuf chacune des belles occasions de bonheur qui m’est offerte. Je suis sûre pourtant que Gärtner ne me conduisait pas à la sérénité, mais le cœur a ses raisons que la raison ignore.
    C’est grâce à Bébé si je retrouve peu à peu mon équilibre et une presque confiance en moi. Je ne serais plus en mesure de réagir convenablement s’il me quittait à présent. Il est loin d’être un ange, c’est seulement un homme bon et patient. Assez coquin pour que nos tournois en chambre soient … intéressants. Ce que j’ai retenu de ma triste aventure avec Gärtner c’est que les sentiments virtuels n’apportent que frustration et chagrin. J’aimerais tant pouvoir faire sortir la souvenance de cet épisode douloureux de ma vie de mon entrepôt mémoire.
    À quand les prochaines pleurnicheries Mylhenn? Là ce n’est ni l’endroit ni le moment.
    Dans la liste des petits gestes attentionnés que ma Canaille a pour moi, il y a ce thé brûlant accompagné de petits pains au lait qu'il m’apporte dans ma chambre avant de partir au travail. Il arrive que mes lombaires, mes hanches et mes talons sont parfois si sensibles, si proches des déchirements et des élancements que j’ai du mal à me mouvoir correctement. Cela devient de plus en plus inquiétant je ne veux pas y penser. Pourtant suite à mon accident, j’ai reçu un courrier du service d’urgence qui m’a pris en charge, l’on me dit de prendre rapidement contact avec un rhumatologue et un neurologue. Je fais l’autruche.
    Je suis la plus heureuse des femmes lorsque je découvre l’un des petits mots doux de Bébé dans mes chaussons ou parfois à même le miroir de la salle bains. C’est Philippine qui est heureuse ces jours-là. Il y a aussi le livre surprise qu’il dépose sur mon oreiller à ses retours de voyage. Et le sachet de friandises qu’il me rapporte en rentrant de son jogging. La plupart du temps il en a dévoré la moitié, mais ne dit-on pas que seule l’intention compte? Sexy en diable, certains matins il s’habille lentement désirant plus que tout rester près de moi sous la couette. Je l’y encourage vivement, mais sa maîtresse est plus convaincante que moi. Le contenu de ma caverne d’Ali Baba est fait de ses petits dons qui égayent mes journées détresse.
    Saint-Valentin donc. Une soirée loving, main dans la main me suffirait…

    Le BaiSeR De CuPiDoN... 14 Février 2016

    ...Je découvrais sa noirceur jour après jour, mais au nom de l'amour j'acceptais le pire!
    Je pensais pouvoir l’apaiser puis j’ai enfin compris qu’il ne cesserait jamais de me maltraiter, que cette violence était innée chez lui, et là il était déjà trop tard pour prendre le large. Son emprise sur moi était telle que j’aurais préféré mourir de ses coups plutôt que de le voir disparaître de mon horizon. Quand je souhaitais sa mort, je nous voyais périr tous deux.
    La petite chose rondouillarde qui porte Cupidon pour nom, qui bat des ailes en paradant avec son carquois empli de flèches ardentes n’a dû poser qu’un regard distrait dans ma direction quand j’ai rencontré Christian. Certes je recevais des roses, pourtant je haïssais ces fleurs pourpres qu’il me tendait après chaque témoignage du grand amour qu’il me portait. Pour moi, ces fleurs ont longtemps signifié souffrance, angoisse et détresse. Après mes années noires, j’ai continué à les considérer comme un avertissement à la punition qui me tombera dessus au moment où je ne m’y attends pas. Les termes pitoyable, insignifiante, laide, repoussante et grasse étaient associés aux bottes de roses purpurines que Christian m’offrait car c’étaient les qualificatifs dont il se servait afin de m’humilier toujours plus. Comme je les détestais ces fleurs.
    Cupidon est un imposteur sournois.
    Un gigantesque canular. Un mythe qui a broyé une partie de ma jeunesse.
    Dès le premier soir, cette fameuse nuit où j’ai fait connaissance avec Ash, je me suis confiée à lui comme si nous étions amis de longue date. Ses oreilles attentives m’ont fait prendre conscience que je faisais fausse route. Je n’avais besoin que de cette écoute pour me remettre en selle, mais j’étais tellement abîmée que j’ai continué à me battre avec mes fantômes, mes hallucinations et mes obsessions tout en espérant qu’ils disparaîtraient avec le temps, grâce au soutien que Bébé m’apporterait. Il était devenu évident pour moi que désormais il serait à mes côtés. Et il y a eu cette Saint-Valentin magique, celle ou Bébé m’a offert une rose blanche. Une seule. Elle m’a réconcilié instantanément avec toutes les autres fleurs majestueuses aux pétales parfumés. Et sur l’instant elles sont devenues synonyme de seconde chance pour moi.
    Or donc, en ce matin du quatorze février j’ai décidé de bouder toute la journée. De rester cloîtrée dans mon lit et, gare à ceux qui voudraient m'en déloger. Ma tenue n'a rien de sexy, un pyjama écossais en flanelle et une paire de chaussettes que j’ai emprunté à Ash. Je les ai remontés jusqu’aux genoux, par-dessus le pantalon de mon vêtement de nuit. C’est assez seyant.
    Je ne prévois pas de prendre de douche, ni de me coiffer.
    En cette triste journée, je suis bien consciente que je me fais du mal pour rien, je décide de pleurer toutes les larmes de mon corps. Enroulée dans une couverture polaire, je visionne le film le plus triste que j’ai pu trouver dans la tour à DVD de Philipp. The Bridges of Madison County est un bonheur en version originale, l’histoire d’amour avortée entre Francesca et Robert est aussi efficace que dans la version française pour faire de moi une fontaine au débit généreux.
    Lorsque bébé entre dans ma chambre, il découvre une Chouquette ruisselante de larmes, les yeux explosés. Déchiquetés, deux dizaines de mouchoirs en papier parfumés à l’eucalyptus trainent sur le lit. Plus je me tamponne les yeux, plus mes paupières sont enflammées ce qui fait que je commence à ressembler à un lapin albinos. Le moins que je puisse dire c’est que monsieur n’est pas vraiment compatissant. Il éclate de rire devant ma mine déconfite. Quelle horreur, je ne ressemble à rien et quant à mes larmes je n’ai aucune explication plausible à lui fournir. Le film? Ah oui le film. Mon accoutrement? Là, rien ne me vient. Ma coiffure? Elle tient plutôt du nid qu’au savant coiffé-décoiffé. J’ai honte de moi.
    Le magnifique bouquet de roses poudrées qu’Ash dissimulait tant bien que mal dans son dos atterrit dans mes mains et le baiser qu’il me donne en me souhaitant une joyeuse Saint-Valentin transforme la fontaine en torrent. Bébé est un romantique qui s’ignore et moi une pleureuse.
    Un homme bien élevé n'embrasse pas aussi bien aurait dit ma Sonia. Quel débauché tout de même. Malgré ma tenue et mon visage ravagé, après le baiser affectueux vient celui qui fait aussitôt cesser le déluge. Un french kiss sensuel dans toute sa splendeur. Il paraitrait que les roses poudrées expriment le respect de celui qui les offre envers sa bien-aimée. Mensonge. Le regard et le sourire de monsieur n’ont rien de respectueux. Je me précipite tête première dans la salle de bains, il est temps que je cesse mes enfantillages. Une fois apparence humaine reprise, je vais rejoindre mon Valentin au petit salon. Il m’apprend que je vais devoir remercier Léopold et Sodishan pour ce petit miracle, c’est grâce à eux qu’il a pu me rejoindre en fin de matinée et qu’il pourra repartir à temps pour être au tribunal demain matin. Apparemment le personnel était au courant de sa venue puisqu’un buffet raffiné nous attend sur la table basse. Les cordons privés ont été tirés et de nombreuses bougies parfumées sont disséminés un peu partout dans la pièce. Carton doré et papier de soie, ce ne peut être que de la lingerie de luxe, Bébé est un connaisseur. Et un deuxième présent pour le fun, un énorme ourson en marshmallow recouvert d’une fine pellicule de chocolat au lait. Il va m’être impossible de le déguster entièrement, idée, les neveux de Bébé m’aideront à le croquer.
    Dînette agréable et badinage espiègle. Folles bluettes de promesses…