• AMouR à MoRT… 24 février 2012

    …Je l'aimais tellement. Lui m’adorait moi sa merveille, de toute la force de ses poings !
    ~ La première fois qu’il m’a giflé cela a été pour la poubelle de la cuisine dont je n'avais pas baissé le couvercle assez rapidement. Dans les heures qui ont suivies je me suis vu offrir un magnifique bouquet de roses.
    ~ Cricket me dit que je suis une salope. Moi je n’ai jamais remarqué le regard trop appuyé du facteur, lui si. Un prétexte comme un autre pour que son poing rencontre plusieurs fois mon épaule et y laisse une ecchymose vilainement colorée pendant plusieurs jours.
    ~ Christian m’aime de tous ses coups, chacun des coups qu’il m’assène est la preuve de cet amour. Je souffre le martyr mais j’y gagne un superbe pendentif cœur en or blanc.
    ~ Je l’aime tellement, c’est l’escalade je m’en rend bien compte mais je suis persuadée qu’il va bientôt changer. Le médecin urgentiste n'a jamais vu un mari aussi prévenant que le mien. Une fracture du poignet c’est normal, peu cher payé pour le dentifrice oublié sur le rebord du lavabo.
    ~ Me protéger de mes mauvais choix, de ma maladresse. Quinze jours en service psychiatrique alors que c’est lui qui m’a forcé à prendre une double dose de somnifères. Il voulait me punir, me prouver que personne ne me croirait si j’osais parler des maltraitances qu’il m’infligeait. Cette fois-ci j’ai eu très peur, il n’y avait aucune trace de coups, il pouvait recommencer autant qu’il voulait.
    ~ Une fois, une seule, les policiers ont été très convaincants avec mon cher mari. La voisine m’a entendu hurler plusieurs fois alors elle a fait ce qu’il lui semblait nécessaire. Je tremblais de douleur, les coups de ceinture avec laquelle mon mari m’avait brutalisé laissaient des stries dans mon dos et sur mes fesses lorsque Christian a ouvert la porte aux agents. Ils n’ont pas été dupes, ils lui ont fait la leçon, moi j’ai soutenu que tout allait bien, que madame Pilchert avait mal interprété mes cris. La même vieille madame Pilchert dont le chat, sa seule compagnie, a disparu deux jours plus tard. Durant les trois semaines qui ont suivies Christian ne m’a pas battu, il se vantait juste, son arme de service à la main, de faire passer un meurtre pour un suicide, le mien
    ~ Le terme punition a pris toute sa signification pour moi le jour où j’ai oublié de déposer la salière sur la table du déjeuner. Où j’ai osé lui répondre qu’il n’avait qu’à aller la chercher lui-même. Être amoureux signifie avoir droit de vie et de mort sur celle qu'on aime me répète sans arrêt Christian. Et il m’aime au-delà de la douleur, de la mort. Tout ceci n’est qu’un condensé de ma belle histoire d’amour, le plus pénible à écrire est à venir.
    ~ Je le provoque de plus en plus souvent, j’ai hâte que cela se termine car mon corps est épuisé, ma psyché est détruite. Quelques semaines de répit, le temps aux bleus de s'estomper, aux fractures de se ressouder, aux pleurs de se tarir et ma romance se poursuit. Les tannées les plus cruelles me valent les cadeaux les plus onéreux. Je les accepte sans broncher, mon souhait que son comportement s’améliore subsiste. Ce n’est plus qu’une toute petite étincelle, mais elle est bien présente et je m’y accroche de toutes mes forces.
    ~ Il m’a fallu encore bon nombre de gifles, de coups de pied dans le bas du dos, de flagellations et de menaces pour comprendre que mon existence ne serait faite que de cela, jusqu’à son terme. Des coups, des insultes, des humiliations et des cicatrices indélébiles gravées sur mon corps et sur mon âme. Je me suis enfuie mais il était trop tard, je n’avais plus la force de me faire aider et surtout personne à qui demander de l’aide. Alors une fois l’orage passé je suis rentrée chez moi. Trois côtes cassées et un œil au beurre noir m'ont remis dans le droit chemin.
    ~ Qu'ai-je donc commis comme ignominie pour mériter d’être affamée une fois de plus? Ah oui, je n'ai pas eu le temps d'aller acheter son journal des sports. C’est sa nouvelle marotte, me laisser le regarder se baffrer alors qu’il me prive de nourriture. Le plus longtemps cela a été trois jours. Comme d’habitude je l’avais mérité. Un mètre soixante-sept, cinquante kilos toute mouillée, non quarante-huit lors de son dernier coup d’éclat, et pour m’humilier en présence de ses copains il me nomme la Noiraude.
    ~ J’accepte toutes ses sévices et l’étincelle de l’espoir s’est éteinte depuis très longtemps. Mon amour pour cet homme aussi. Son arme de service est souvent à portée de mes mains mais quelque chose me retient. Ce n’est pas la peur de la prison, ce serait ma délivrance. Non, c’est ce fichu besoin de croire qu’un jour il redeviendra un homme bon. Le Christian de ma virginité qu’il a pris avec tellement d’égards.
    ~ J’ai trop attendu et tel un animal enragé il s’est abattu tous crocs et tous poing sur moi. Je ne me suis pas défendue, j’étais heureuse de rejoindre la Bonne Mère, maman et ma chère Miriette. J’allais être délivrée de cet amour toxique. J’ai survécu et j’ai pris conscience il y a peu qu’il sortira de sa cage un jour. Bientôt, bien trop tôt. Tapi derrière ses barreaux il est là à guetter le faux-pas qui me sera fatal.
    Cela fait tout juste cinq ans aujourd'hui que j'ai échappé à la mort. Que je suis morte…

    A FiRST TiMe… 27 mars 2012

    …Je passe mon temps à fuir. Chacun à leur façon Pat et Ashlimd me ramènent à la multitude!
    J’ai confiance en eux, pourtant il m’a fallu beaucoup de courage pour les présenter l’un à l’autre. Cela a été si facile avec Sonia. Ash apprécie le soutien qu’elle m’apporte, sa façon de me remettre dans le droit chemin. Je crois qu’ils s’estiment mutuellement à présent.
    La personnalité d’Ashlimd, sa prestance dirais-je et le milieu d’où provient ma Canaille sont si peu compatibles avec le pittoresque des lieux et l’état d’esprit du Pappey, le mari de Pat, que j’en été tracassée durant des semaines avant de l’autoriser à me conduire chez eux. Marcel est un vieux grincheux aux idées d’un autre temps et il n’en démord pas facilement. Surtout lorsqu’il a passé l’après-midi avec son pack de bières. Je me suis inquiétée pour rien, j’aurais dû avoir confiance en Ash. Il possède la faculté de s’adapter à toutes les situations, même les plus périlleuses. Ash s’est fondu instantanément dans l’environnement. Je crois même qu’il se l’est joué façon défi. Une oasis de quiétude et de bonhomie m’affirme-t-il en aparté. De bien braves gens. Cela d’autant plus que ma Pat est aux petits soins pour moi. Pour moi il est évident que nous sommes réellement les bienvenus dans la famille. Le Maharajah a fait mouche à l’unanimité. Geraldine me bat froid, elle a la rancune tenace, mais je comprends, j’ai été odieuse avec Patricia. Les maltraitances dont j’ai été victime n’excusent pas tous mes accès d’agressivité.
    Ash a vraiment accroché avec Jérémy et quelques heures à peine après avoir fait connaissance avec le fils de Patricia c’est comme s’ils se connaissaient depuis toujours. En parlant d’accrocher, le jean de marque de Bébé n’a pas résisté à sa rencontre avec une bûche d’acacia. Ashlimd n’avait rien à prouver à Marcel, surtout pas qu’il était compétent dans le tronçonnage de bois de chauffage. Il a voulu s’y essayer tout de même et c’est grâce à l’accroc qu’il a fait à son pantalon que je l’ai entendu jurer pour la première fois. J’ai éclaté de rire. En fait cela m’a rassuré, Bébé est humain finalement. Au moins lors des visites suivantes il se gardera bien de se vêtir en Lord. Et j’avais même tenté de l’en dissuader. Pat nous a installé dans la chambre que j’occupais lorsque je résidais chez elle. Un petit nid sous les combles. Je m’y sens chez moi et mon bonheur est complet puisque Ash savoure notre week-end petite maison dans la prairie. Il parle même de demander à Patricia si Penjÿ ne pourrais pas nous accompagner l’un de ces jours.
    Chez moi c’est aussi chez ma grand-mère Lynette. Je la préserve car lorsque je fugue, c’est au cœur de son massif que je vais me ressourcer, dans ma chère Provence. Je ne le devrais pas car si l’on m’y surprend, certains des privilèges qui me sont accordés risquent de m’être retirés. De toutes façons, dans quelques mois il sort et je ne donne pas cher de ma peau alors autant en profiter maintenant.
    Je ne sais pas si c’est l’air de la campagne qui rend Bébé amoureux, mais il cherche à m’attirer dans les coins sombres et j’adore ça. Je le reconnais, notre relation a passé un cap depuis belle lurette et ce que Bébé m’apporte est bien au-delà de ce que j’ai connu. Pour l’instant je suis incapable d’exprimer avec les bons mots, ceux-ci n’appartiennent pas encore à mon vocabulaire usuel, ce que je ressens à me laisser tripoter par mon chéri. Je ne suis pas une croqueuse d’hommes et mon expérience dans le domaine des ébats amoureux se limitait à la … bienséance. Je connais tout de même la signification du mot fellation. Ash m’a appris le plaisir partagé, celui que l’on donne avant de recevoir et lorsque la concupiscence brille dans ses yeux je me sens devenir si faible que seul le creux de ses bras me rend mon énergie.
    Je me vautre dans le stupre avec délectation. Cette phrase n’est pas de moi mais de Sam qui ce trimestre visite la littérature érotique avec ses étudiants. Il a écrit cette phrase sur le tableau et leur a donné deux heures pour disserter sur le sujet. Il m’affirme n’avoir jamais autant ri en lisant les essais rendus. Je m’ouvre aux plaisirs défendus et j’exulte. Cette phrase est de moi mais je n’en dirais pas plus.
    Pappey a récupéré une vieille caravane qu’il a installé non loin du grand pré aux chevaux et il m’a promis que je pourrais l’occuper aux prochaines vacances, elle sera entièrement rénovée. Ash a aussitôt voulu la visiter et en examiner toutes les possibilités. Quel sacripant celui-là.
    Oui bon, je ne suis pas l’innocence personnifiée non plus.
    Le barbecue en soirée a été un beau moment de convivialité. La suspicion qu’éprouve Gerry à mon égard fait qu’elle reste tout juste poli avec Ash. Je crois même avoir vu Pat lui faire les gros yeux. Bébé est de ceux qui laisse les gens se faire une opinion de lui sur le long terme, il ne laisse personne indifférent et il se moque royalement des états d’âmes de chacun. Géraldine est bien élevée alors elle se reprend rapidement. Cette jeune femme est constamment dans le questionnement, je suis persuadée qu’elle se demande ce qu’un homme tel que Bébé trouve chez moi? Qu’elle se tranquillise, moi aussi je me pose toujours la question. Dès que j’ai franchi les portes de leur foyer Gerry a eu du mal à admettre que sa mère se soit attachée à une inconnue. Elle n’a jamais été vraiment désagréable cependant, son ressentiment si cela en est, vient de ce que je suis tombée dans la famille comme un cheveu dans la soupe à un moment où il y avait des tensions entre eux. Si ma présence a pu aider Pat à passer le cap et bien tant mieux.
    De prime abord Bébé peut paraître pédant, mais en fait c’est pour se préserver qu’il adopte un comportement totalement à l’opposé de ce qu’il est en réalité. De ce qu’il me montre à moi et à ses amis. Certes avec la carrière qu’il vise il vaut mieux qu’il évite de passer pour un agneau de lait, mais en toutes occasions Ash a tendance à conserver son air orgueilleux, son balai dans le c** comme m’a dit Patricia à voix basse. Je crois qu’elle le craint un peu. Bref en langage correct elle veut dire qu’il fait hautain. Je pense qu’il n’a aucun souci à se faire pour sa future carrière, je l’ai entendu préparer un réquisitoire en compagnie de Penjÿ pour l’un de ses cours de droit, et bien il faut me croire je n’aurais pas aimé être le prévenu aussi fictif était-il à cet instant. Il ira loin Bébé.
    Ma chère Patricia sait recevoir, c’est le moins que l’on puisse dire et la présence d’Ash l’a poussé à se dépasser. Un barbecue chez elle ne se limite pas à la sempiternelles salade de riz et aux saucisses merguez brûlées. Côte de bœuf, ailes de poulet au curry, tomates, poivrons jaunes et courgettes au grill, le tout accompagné de frites et d’une compotée d’aubergines et d’oignons rouge. Des fruits caramélisés au miel pour le dessert. Très copieux pour le soir c’est certain. Je ne sais pas qui de Pat ou de Bébé a été le plus heureux de me voir manger avec autant d’appétit pour une fois? Vérifier si les chevaux du grand pré avaient assez d’eau a servi de prétexte pour une courte promenade digestive vers vingt-trois heures.
    J’ai dormi comme un bébé et aucun cauchemar n’est venu interrompre mon sommeil. Le chenapan qui récupérait à mes côtés a été sage comme une image, sans doute parce que les cloisons de la chambre ne sont pas épaisses et que … oui bon je reformule, obscurité et discrétion.
    Au terme du week-end ma Canaille décide de lever le pied plus souvent, l’intermède caravane y est pour quelque chose j’en suis certaine, mais c’est la longue balade à cheval qu’il a fait en compagnie des enfants de Pat qui a achevé de le convaincre.
    J’avais besoin de retrouver Patricia pour moi seule, de m’excuser une fois encore pour mon comportement passé, de la remercier pour l’attention qu’elle me porte. L’affection qu’elle ressent pour moi est réelle et cela me fait un bien immense. Chaque fois que je pense à ma véritable famille c’est comme si je recevais un coup de poing en plein cœur. Je me sens proche de Cendrillon, elle aussi avait une marâtre qui lui rendait l’existence insupportable. J’en parlerai mais plus tard, pour l’instant je mets cette période de ma vie de côté.
    Patricia m’avoue avoir été inquiète de la venue d’Ash, à présent elle se sent soulagée. Bébé a passé l’épreuve avec succès. Ton fiancé -clin d’œil- appartient à un monde bien à part mais ses yeux ne mentent pas lorsqu’il te regarde m’a-t-elle dit.
    Long sera le chemin, à toi de faire les premiers pas. Ça c’est de l’encouragement…

    ANéaNTie… 26 Juin 2012

    …Mon monde s’écroule, un fou vient d’assassiner mon âme sœur!
    Sinistre jour que celui où je me retrouve dans un monde parallèle. Sonia, ma chère Sonia a été agressée à deux rues du domicile de ses parents. Pourquoi n’a-t-elle pas utilisé son fil d’Ariane? Pourquoi ne s’est-elle pas enfuie? Pourquoi ne s’est-elle pas grimée comme je le fais à chaque fois que je rends visite à ma grand-mère? Pourquoi elle? Ma conviction est la même que celle des policiers. C’est Dany qui a fracassé Sonia, ma Douce. Il lui avait promis que s’il la trouvait un jour sur son chemin il n’hésiterait pas. Comment le prouver, il y a au moins trois personnes prêtes à jurer qu’il se trouvait en leur compagnie au moment de l’agression. Le travail d’enquête sera long a-t-on dit à Bébé. Et de par sa profession l’on ne peut pas lui mentir.
    Je sais que c’est Dany, j’en resterai toujours persuadée. Sonia a vécu l’enfer avec ce malade. La même géhenne que moi avec Christian. C’est cela qui nous a rapproché.
    La journée commence mal pour moi. Sans doute le coup de massue que j’ai reçu sur la tête hier en milieu d’après-midi. Sonia, ma chère Sonia serait entre la vie et la mort. J’ai passé la soirée puis la nuit d’hier à attendre de ses nouvelles. À espérer que l’on arrête son agresseur. Je me suis éclatée la cervelle à la vodka, souhaitant qu’à mon réveil ce ne soit qu’un horrible cauchemar. Ma tête résonne comme un tambour, est-ce normal que j’aperçoive des papillons noirs voleter devant mes yeux?. Je tiens à peine debout, ça c’est la vodka. Le Maharajah m’oblige à me mettre au lit et il fait venir un médecin. Stress, mauvais sommeil, anémie et une infection due à mon passage dans la rue. Le choix est vaste alors allons-y pour des analyses. J’ai oublié, alcoolisme notoire et c’est là-dessus que je parierais. Je suis complètement bourrée, Ash n’a rien pu faire. Crise de larmes, crises de nerfs et hurlements d’aliénée. Je crois que j’aurais été capable de lui faire du mal s’il avait touché à ma bouteille. Mon malaise est si profond que je me perds dans des émotions douloureuses qui me submergent. Je me refuse à croire que cela soit aussi grave.
    Tu ne peux pas me laisser Sonia, bats-toi ma Douce. Égoïstement là, je ne pense qu’à moi. Si tu disparais, qui va me maintenir sur le droit chemin? Pourquoi n’as-tu pas été plus prudente? Oui je suis en colère après toi. Retourner auprès de ta famille comportait des risques, tu le savais, mais non tu es aussi têtue qu’une mule. C’est pour cela que nous sommes âmes sœurs. Nous sommes toutes deux de caractères puissants.
    Si tu t’en sors, je brûlerais des dizaines de cierges, des cartons entiers même, pour remercier la Bonne Mère. Mets-y du tien ma chérie, je t’en prie.
    Une prière que ma Douce n’entend pas bien sûr. Pourtant elle vient du plus profond de mes tripes.
    L’on vient de m’annoncer qu’elle doit être opérée en urgence car sa respiration est de plus en plus difficile. L’inquiétude de la savoir sur cette table aseptisée me ronge. Sonia ma tendre chérie, accroche-toi.
    Tu es mon amie, ma meilleure amie, ma sœur. Je t'aime ma Sonia, jusqu’au bout de ma vie, ne me quitte pas.
    Malgré toutes les belles promesses que l’on t’a faites, il a gagné. Tu étais seule quand il s’est approché de toi. Seule pour lutter contre ses coups de pieds et ses coups de poings. Il t’a fracassé plusieurs côtes. Tous ces mois où l’on nous a enseigné à reprendre confiance ont été du temps perdu. Jamais plus je n’aurais foi en leurs discours, ils sont incapables de veiller correctement sur nous. Je t’avais pourtant prévenue, toi seule pouvait te soustraire à sa folie. Son harcèlement.
    Il y a peu Tess m’a accueilli au refuge mais je ne m’y suis pas senti en sécurité. D’ailleurs mon tandoori est venu me chercher. Il connaît Tessa depuis longtemps, je pense que c’est elle qui l’a appelé, elle ne pouvait gérer ni mon angoisse ni ma crise. À la même période Tess hébergeait trois femmes et le conjoint violent de l’une d’elles est venu taper son scandale. Des insultes, des cris et des grands coups de pieds et de pelle dans le portail. Imagine qu’il ait eu une arme. L’anxiété a eu raison de moi.
    Oui j’aime beaucoup être à l’appartement, mais je m’y sens parfois trop à l’étroit, trop sérieuse. Alors je vagabonde à nouveau, je disparais des jours entiers puis je réapparais comme si de rien n’était. C’est lors de l’un de ses retours que j’ai appris pour toi ma Douce. Ce qui me désole le plus dans tout cela c’est qu’Ash s’est attaché à moi. De trop, et je le rends malheureux. Il m’a offert une connexion internet et un petit portable pour me distraire m’a-t-il dit. Je me sens de plus en plus mal vis-à-vis de lui, j’ai ouvert une messagerie et j’ai fait la connaissance d’une personne avec laquelle je passe des heures à converser. C’est plus qu’un contact, il est très érudit et il me semble que je commence à éprouver des sentiments pour lui. Cela ne fait qu’un mois que nous nous connectons, je sais que ce n’est pas raisonnable.
    Dix heures quarante-cinq, je n’en plus d’attendre. Accroche-toi ma Douce.
    Négocier ma chérie, pourquoi n’as-tu pas négocié avec lui. Je t’ai pourtant appris à le faire. Depuis hier soir je ne vis plus, mes larmes ne tarissent pas. Après la souffrance vient l’espérance, l’on m’a bernée. Maintenant j’ai envie de me terrer comme un animal blessé.
    Midi vingt. Cela fait une heure que tu es morte. Je meurs avec toi.
    À cause d’un problème cardiaque due à des lésions non détectées, ils n’ont pas pu te réanimer. Trente-deux ans et ta vie est arrivée à son terme. Comment est-ce possible? Je suis dans un tel état de sidération que je reste tétanisée sans pouvoir dire un mot. Mes larmes se refusent à ruisseler le long de mes joues et la pâleur de mon visage est impressionnante. Bébé est inquiet. J’ai si mal que je voudrais disparaître. Pour la seconde fois de la journée le médecin me rend visite. Machinalement j’avale le comprimé que l’on me tend et le monde s’éteint. Le chagrin n’a pas disparu à mon réveil. J’ai conscience de ta disparition, mais mon cerveau se refuse à l’admettre. Je suis déchirée, mes sanglots se font discrets puis soudain je me mets à hurler. J’ai tellement mal, mon cœur s’est brisé en plusieurs morceaux.
    Ça y est je réalise que mes lendemains se feront sans toi. Ash m’a emmitouflé dans une couverture et il me garde dans la chaleur de ses bras. Il sait que pour le moment aucun mot ne pourra me réconforter.
    Le soleil brille, je suis frigorifiée. Je claque des dents comme si je me promenais nue sur la banquise. Je mords au sang mon poignet pour faire cesser mes cris. J’ai ruiné la chemise de Bébé, carrément arraché la poche et des boutons en me débattant. Il tentait de me préserver de la violence incontrôlable qui monte en moi. Je vais me réveiller de ce cauchemar hein? Sonia qu’as-tu fait? Est-ce mieux là où tu es? Je suis désespérée, pourquoi la mort ne vient-elle pas me cueillir moi aussi?
    Je t’en veux, je te déteste, tu n’es plus mon amie. Reviens Sonia, s’il te plaît, je t’en supplie…

    Le CHaNT DeS oLiVieRS... 29 Juin 2012

    Enveloppée des parfums de l’été,
    J’entonne le chant des oliviers,
    Laissant sans fin se répandre mes larmes,
    Acceptant que ma douleur rende les armes…

    Déchirée et mélancolique, je me laisse glisser,
    Et emportée par le chant des oliviers,
    J’aspire finalement à goûter au repos,
    Bercé par la mélodie de mes sanglots…

    Maintenant de mon chagrin délesté,
    Je peux fredonner le chant des oliviers,
    Lorsque dans la ronde de mes souvenirs,
    Je perçois la force de tes éclats de rire...

    Je suis anéantie par ta disparition ma Douce. Exprimer par des mots ce que j'endure aurait dû soulager ma peine, mais il n'en est rien...

    FoLie ou RaiSon... 3 Juillet 2012

    Si l’on pouvait lire dans mes yeux, l'on y découvrirait un peu des deux!
    Je suis incapable d’extraire une pensée logique de mon cerveau. Jour après jour ma rage décuple et j’ignore contre qui la retourner. Si mon raisonnement ne devient pas plus cohérent elle ne disparaîtra pas de sitôt.
    Mes propos sont si décousus que moi seule suis en mesure de les comprendre.
    Je ne dors pas la nuit, je rêve que je dors.
    Je ne respire plus, ma poitrine se soulève par habitude.
    Je ne parle plus, je me réponds à moi-même.
    Les jours se succèdent et tout recommence.
    Depuis que tu es partie j’ai fait une croix sur mon avenir.
    Avec la fréquence d’une rengaine, mon cauchemar de chaque nuit revient dès l’obscurité installée.
    Je m'étonne encore d’entendre les battements de mon cœur.
    Je te les offre ma belle ma douce ma tendre Sonia.
    Si cela était possible je t’offrirais aussi le reste de ma pauvre vie, moi je n’en veux plus.
    Je te ferais cadeau de ce surplus de rabiot que m’a accordé la Bonne Mère.
    Je t’octroie l’éternité, fais-en bon usage.
    Ils ont refusé que je ramène ton âme à la lumière, ils la laissent mourir dans cette ruelle où tu m’as quitté.
    Je me sens tellement seule que mon désir de disparaître remonte à la première ligne sur la liste de mes envies. N'ayant plus personne pour m'aider à le combattre, j'y céderai sans doute un jour.
    Je vais t’avouer un secret, jamais je n’en aurais le courage.
    Si je t’ouvre les portes de mon jardin secret c’est uniquement pour m’y sentir moins seule.
    Pendant que je me recroquevillais sur ma détresse, toi tu ouvrais tes ailes de liberté.
    Vois où cela t’a mené. Que la vie est mal faite ma Sonia, tu étais tellement plus forte que moi.
    Tu recommençais à mordre la vie à pleines dents et celle-ci t’a refusé le moindre sursis.
    J'avais deviné qu'il était tapi là, dans l'ombre de sa rancune, à te guetter mais tu n’as jamais voulu me croire.
    Je n’ai rien pu faire pour te venir en aide et je m’en veux à en mourir.
    Je te demande pardon ma Sonia, ton âme est sur ma main et j'en prends bien soin…

    SaNS Toi… 17 Juillet 2012

    ...Sonia chérie, je crève de ne pouvoir te raconter mes bêtises de vive voix!
    Si tu savais ma Douce, tout ce que ta Bella a parcouru comme chemin depuis que tu es partie.
    Toute la différence vient de ce que j’ai Ash à mes côtés. Le Maharajah m'a emmené discrètement au pays de mes racines, c’est un comble pour celui qui veut consacrer sa vie à la vérité. Il m’a vu tellement malheureuse qu’il m’a conduit, le temps d’une visite éclair, à mes champs d’olivier et de de lavande, baignés d’une lumière ardente au cœur de ma chère Provence. Comme à chaque fois, dès que je perçois le chant des cigales tout va mieux dans mon monde chaotique. Je me suis fait discrète, je ne vaux pas que Maë Lynette ait des ennuis par ma faute. Le bourg est le plus que je puisse approcher. Ils sont là, ils guettent pour lui, je le sais. Je n'en ai vu aucun évidemment, je me complais dans mes terreurs, que n'as-tu fais pareil?
    Je t’en veux ma Sonia, je t’en veux tant et tant. Les Charlies sont présents chaque jour que la Bonne Mère m’accorde. Ils ne m’ont pas abandonné eux, c’est moi qui me suis éloignée. Je commence tout juste à réaliser qu’Ashlimd m’offre mon unique chance de me reconstruire. Lui et toi étiez mes deux meilleurs atouts et tu as tout foutu en l’air. Je me déteste pour oser penser cela. Je ne peux m'empêcher de t'en vouloir, c’est la colère qui me fait penser ainsi. Ma Douce, tu me manques trop. Est-ce vrai ce qu’ils disent? Tu serais allée le rejoindre de ton plein gré pour gagner ta liberté? Ils ne comprennent pas, selon eux tu aurais gâché ta vie toi-même. Pour ces gens-là Danny est un Saint.
    Ma chérie, aller à la rencontre d’un fauve c’est comme se suicider. Pourquoi as-tu fait cela ma Douce? Et en tête à tête disent-ils. Tu avais raison, ce sont des gens méchants, il encense ton ex-compagnon et toi il te dénigre. Je suis repartie de là-bas en pleurant. Je comprends mieux à présent pourquoi nous étions deux âmes sœurs. Notre famille est inexistante. J’en arriverais presque à trouver mon père acceptable après avoir rencontré le tien. Chez toi ils sont encore plus cruels que les miens. Ils n’ont fait aucune difficulté pour que je te garde avec moi, je pense que tu étais déjà morte à leurs yeux bien avant ta mort.
    Mais qu’est-ce qui t’es passé par la tête?
    Avais-tu déjà oublié cette mâchoire démise, ces côtes cassées, ce traumatisme crânien et ton corps entièrement recouvert d’ecchymoses et de plaies qui t’ont fait admettre en soins intensifs? Si rendez-vous il y avait j’ose croire que tu le lui avais donné là où il y a grand passage. J’ose croire aussi qu’il t’a empoigné par surprise alors que tu traversais cette ruelle déserte, que tu ne l’y as pas suivi de ton plein gré? Je ne sais que penser, je ne m’imagine pas que tu aies pu vouloir t’approcher de lui après tout ce qu’il t’a fait durant votre vie commune. Je me questionne, je m’interroge, je doute, mais ce n’est pas le cas des hommes en bleu. Pour eux c’est une agression qui a mal tournée. J’en suis malade de ne pas connaître la vérité.
    Comme tu le sais mon fauve à moi est derrière les barreaux et jamais je ne me risquerais à lui rendre visite. Pas sans raisons, ni sans protection. Pourtant il va falloir en passer par là un jour ou l’autre. À présent ses avocats parlent déjà d’une remise de peine pour bonne conduite. C’est un enfer à entendre pour moi.
    J'aurais dû me douter que tu n'avais qu'une envie, le défier. Tu es bien avancé maintenant. Je suis désorientée, malheureuse comme les pierres et condamnée à pleurer ta perte. Tu me manques tellement ma Douce. Ce n'est pas bien d'être en colère contre toi, mais c'est plus fort que moi.
    Je suis vraiment malade du si peu de considération qu'ont ces jean-foutres envers toi. Rien d’officiel ne nous liait et pourtant … non je n’y reviens plus, c’est promis.
    Malgré la promesse que j’ai fait au tandoori, je suis allée dans cette ruelle maudite. Ton aura y survivait encore, je t’ai senti près de moi. Sordide, sinistre, un nid à rats, une impasse maudite. Mais bon sang qu’elle idée t’as pris. C’est un miracle si l’on t’a retrouvé si vite. Et pour quoi d’ailleurs? Tu es morte.
    Il y a un après et nous nous y retrouverons, je te le promets ma Douce. Je le jure.
    Tu peux être fière de moi, je dors mieux la nuit et j'ai renoncé aux expéditions dangereuses que tu appréhendais tant. Une ou deux heures d’un bon sommeil de plomb équivaut à une nuit complète pour moi, cela me suffit. Je me sens reposée à mon réveil. L’angoisse cède plus facilement et cela c’est grâce à Ash. Cet homme est un pansement sur mes blessures de l’âme. Comme quoi tu t’es bien trompée sur ce coup-là.
    Ash est souvent absent c’est vrai, mais pour me changer les idées il parle de me convier à un séjour dans sa famille, au Royaume Uni. Des bourges semble-t-il, des vrais de vrais. Il m’a déjà recommandé de me faire une garde-robe décente. Apparemment chez eux il faut se changer plusieurs fois dans la journée, s’adapter à un emploi du temps stricte, s’habiller pour le repas du soir et connaître un certain protocole de vie sur le bout des doigts. Ça promet. Il se pourrait que je croise des personnalités m’a-t-il dit. Et pour couronner la reine des pommes que je suis, il paraît que les parents d’Ashlimd ont une kyrielle de gens de maison à leur service. Tu vois le genre, je flippe vraiment.
    Lorsque je me sens trop isolée j’invite les Charlies. C’est souvent le champ de foire déserté après leur départ et le tandoori râle pour la forme. Je crois que c'est Maddy, la femme de ménage garde chiourme dont il m’impose la présence deux à trois fois par semaine qui pousse aux cris. Je crois qu’elle ne m’aime pas trop.
    Pas d’affolement ma chérie, aucun serial killer ne peut m’atteindre car pour avoir accès à l’appartement il faut passer devant un cerbère autant côté garage que côté avenue. Quant à mes loulous, aucun n’est du style Juice. Un frappa dingue celui-là, tu te rappelles? On avait surnommé ce phénomène ainsi parce qu’il se déplaçait avec un caddie de supermarché tout cabossé et emplie de cannettes vides en tous genres, surtout des jus de fruits. Les jours de grande chaleur on le sentait arriver de loin, une odeur de moisi, d’aigre, qui prenait aux narines. Si on le fixait trop longtemps il nous insultait et nous lançait quelques-unes de ses canettes. Un fou furieux.
    Par désœuvrement je suis allée surfer sur la toile et j’ai fait connaissance virtuelle avec un brave homme sur le site sur lequel je me suis inscrite. Je t’en ai déjà parlé le jour de ta mort mais tu devais avoir à faire ma chérie. Je crois qu'il te plairait. J'écris, il me répond et tu sais quoi ma Douce? C’est quelqu’un qui a du vocabulaire et une syntaxe parfaite. Il corrige mes fautes au fil de notre correspondance. J’apprécie, j’apprends. Mieux encore, il compatit sincèrement à ma douleur et à mon chagrin. Pour me réconforter il a composé un magnifique texte en ton honneur et pourtant il ne te connaissait pas.
    Il est débordant de vie et tellement gamin pour ses cinquante-trois ans. Oui je sais, mais Paco était bien plus âgé que cela et ça collait vraiment entre nous. Question bagatelle il fait celui qui connaît tout sur tout et cela me distraient d’être tombée sur un professionnel du Kâmasûtra. Je pense qu’il en rajoute mais si cela lui fait plaisir de le croire je ne vais pas le contredire. Sa vivacité d'esprit et ses invitations à peine voilées sont amusantes quoique parfois un peu lourdes. Nous ne faisons rien de mal à part avoir des conversations déjantées en messagerie et à cause des déplacements réguliers d’Ash dans les tribunaux du centre est, il m'arrive de souhaiter le rencontrer. Ce sont ma voix de Daffy Duck, mes cicatrices hideuses et mon agressivité incontrôlable qui m’empêchent de le faire. Tu veux savoir? Je me sens mal, j’ai l’impression de tromper Ash mais je suis troublée par ce que je ressens pour ce monsieur
    Ma Douce, ma chérie c’est à l’ombre des oliviers qu’un jour je te parlerais de mes deux piliers…